Les arts d’Afrique parlent encore


Grâce soit rendue à ceux qui ont sculpté plutôt qu’écrit, transmis par les formes plutôt que par les mots.

À travers eux, une mémoire a pris corps. Elle continue de circuler, d’être vue, transmise, questionnée.

La récente vente dédiée aux arts d’Afrique l’a montré avec éclat : ces œuvres ne relèvent ni du passé figé ni du simple objet de collection. Elles portent une pensée, une force d’expression, une vision du monde qui traverse les siècles. Les masques, figures, plaques et objets rituels présentés ici sont nés d’une nécessité intérieure – celle de dire sans parole, de ritualiser sans écrire, de façonner une présence durable.
 

Vendue : 357 500€
Plaque figurant un chef de guerre ou un émissaire
Population Edo, Nigéria, fin XVIe ou XVIIe siècle

Vendue : 136 500€
Cavalier en terre cuite
Civilisation Djenné, Mali (1200–1400 ap. J.-C.)


Certaines de ces pièces – notamment les sculptures Nok, les masques Fang ou Punu, les plaques de cour du royaume du Bénin – ont marqué un tournant dans l’histoire du regard porté sur les arts dits « premiers ». Mais elles doivent aussi beaucoup à celles et ceux qui ont su les écouter et leur donner la place qu’elles méritaient : Marc Blanpain, Evrard de Rouvre, Íñigo Xavier de Aranzadi Cuervas-Mons, Samuel Wagstaff…
 

Vendue : 101 400€
Cavalier au buffle
Civilisation Djenné, Mali (1050–1250 ap. J.-C.)

Vendue : 84 500€
Masque okuyi Punu
Gabon

Tous ont compris que collectionner ces œuvres relevait d’un engagement plus large. C’était préserver des formes en danger d’oubli, refuser l’idée d’un art hiérarchisé, et bâtir des ponts entre continents, époques, disciplines. C’était aussi replacer ces objets au sein d’une histoire esthétique globale, à l’égal des canons classiques, comme on place une figure Nok à côté d’une Vénus ou un masque Punu face à une tête de kouros.
 

Vendue : 72 800€
Fragment de visage strié
Art classique d’Ife, Nigéria, XVe siècle

Vendue : 67 600€
Buste féminin
Nok, Nigéria (650 av. J.-C. – 350 ap. J.-C.)



Le succès de cette vente n’est pas une fin mais une continuité.

Les œuvres changent de mains, mais pas de sens. Elles poursuivent leur chemin, gagnent d’autres regards, rejoignent d’autres histoires. Leur circulation ne les efface pas : elle les ravive. Elle leur offre une nouvelle vie, tout en prolongeant celle de ceux qui ont su les rassembler avec discernement, exigence et respect.

Aujourd’hui encore, ces formes parlent. Elles s’adressent à celles et ceux qui savent voir au-delà de l’objet : une pensée sculpturale, un souffle spirituel, un art pleinement universel.

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Contacts :
Xavier DOMINIQUE – xavier.dominique@ader-paris.fr
Pierre MOLLFULLEDA (Spécialiste) : mollfulledapierre@gmail.com
Paul Rocle (presse) – paul.rocle@ader-paris.fr