[VIDÉO] Une rarissime peinture d’autel de Giuseppe Vermiglio (1585-1635)


Mise à jour du vendredi 29 janvier 2021
Le tableau de Giuseppe Vermiglio (1585-1635) a été adjugé 211.200 euros frais compris à l'occasion de sa mise aux enchères par la maison Ader, avec l'expertise du Cabinet Turquin, vendredi 29 janvier 2021. 


Le Mariage mystique de sainte Catherine entre sainte Agathe et saint Jean-Baptiste est un tableau inédit de grand format réalisé par Giuseppe Vermiglio (1585-1635), figure centrale de la peinture lombarde du début du XVIIe siècle. Cette toile a été adjugée 211.200 euros frais compris suite à sa mise aux enchères par la maison Ader vendredi 29 janvier 2021 à Paris, Drouot. Authentifiée par les experts du cabinet Turquin, cette œuvre caractéristique de l’art de la Contre-Réforme a certainement été commandée par une communauté religieuse pour décorer une chapelle. L’apparition sur le marché d’un grand tableau d’autel est un fait exceptionnel.

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4 clés pour regarder le tableau :

1. En découvrant cette toile, la maison de ventes Ader et les experts du cabinet Turquin ont ajouté un nouveau chef-d’œuvre au corpus de Giuseppe Vermiglio (1585-1635), artiste majeur de la peinture lombarde du début du XVIIe siècle actuellement au cœur des dernières recherches en histoire de l’art.

2. Peu représentées dans les institutions muséales, notamment aux États-Unis, les tableaux d'autel sont extrêmement rares sur le marché de l’art.

3. Mis en avant dans la peinture de la Contre-Réforme dans leur rôle d’intercesseurs entre l’humain et le divin, les saints représentés dans le tableau sont clairement identifiables par les symboles qui les identifient.

4. Vermiglio est un artiste qui, pendant son séjour romain, a été très influencé par le Caravage. Mais, dans ce tableau, il revient à une peinture plus classique, plus esthétisante comme Guido Reni au même moment.


Un tableau majeur de la peinture lombarde du début du XVIIe siècle retrouvé à Paris
Ce tableau inédit de Giuseppe Vermiglio (1585-1635), artiste majeur de la peinture lombarde du début du XVIIeme siècle a été retrouvé par la maison Ader à Paris dans un hôtel particulier du 7e arrondissement. Appelé pour un inventaire, Maître David Nordmann remarque immédiatement cette grande toile accrochée dans le salon. « Les propriétaires des lieux n’en connaissaient pas l’auteur. Leur famille la détenait depuis près de deux siècles, comme l’atteste une photographie ancienne retrouvée dans leurs archives familiales et datant du milieu du XIXe siècle, montrant le tableau accroché à l’intérieur du château de leurs ancêtres », détaille le commissaire-priseur.

Vermiglio, au cœur des recherches récentes en histoire de l’art
Totalement inconnue des historiens d’art, l’œuvre a été identifiée par les experts du cabinet Turquin. « Vermiglio est au cœur des recherches récentes sur la peinture lombarde. Grâce aux travaux du spécialiste italien Francesco Frangi, l’artiste est aujourd’hui considéré comme l’une des figures centrales de la peinture milanaise du début du XVIIe siècle. L‘attribution à Vermiglio est venue du grand spécialiste Roberto Contini », explique Éric Turquin.


Une œuvre de chapelle particulièrement rare sur le marché
« L’imposant format de cette toile, de 1,70 par 1,96 mètres, et son thème religieux le « Mariage mystique de sainte Catherine entre sainte Agathe et saint Jean-Baptiste » pointent très probablement vers une œuvre destinée à orner les murs d’une chapelle. Vermiglio était célèbre pour réaliser de grands tableaux d’autels », explique Éric Turquin en insistant sur l’extrême rareté de ces œuvres sur le marché de l’art. « Elles sont également très peu représentées dans les collections des institutions muséales, notamment aux États-Unis. La mise aux enchères de ce tableau estimé 150 000 à 200 000 € apparaît donc comme une occasion unique de pouvoir acquérir un tableau de chapelle resté depuis le XVIIe siècle dans un exceptionnel état de conservation et présenté dans un très beau cadre bolonais qui pourrait bien être le cadre d’origine. »

Le choc caravagesque
Parmi les indices qui menèrent les experts jusqu’à la piste de Vermiglio figure le choix de cet éclairage direct et frontal sur la composition. « Comme tous les artistes de sa génération, actifs comme lui dans les années 1620-1630, Vermiglio a été traumatisé par la révolution naturaliste de Caravage (1571-1610) et influencé par la lumière artificielle si particulière au maître lombard, qui fait rentrer le spectateur dans l’action du tableau. » La tension dramatique de la composition est en effet accentuée par un clair-obscur caravagesque : éclairées comme en plein jour, les figures se détachent sur le fond sombre.

Après la violence caravagesque, le retour à une esthétique plus classique
Si Vermiglio s’imprègne de la leçon de Caravage, s’ils sont tous deux originaires de la région de Milan et si l’un comme l’autre ont eu une vie privée hachée par des épisodes de violence et de délinquance, ce tableau composite montre également les distances que son auteur souhaite prendre après 1620 avec l’esthétique caravagesque. « L’artiste revient à une forme de classicisme et à une élégance très éloignées de l’art de Caravage. Vermiglio s’inscrit en effet dans une peinture plus esthétisante et reprend les canons de beauté de la Renaissance notamment dans le traitement des visages, empreints de beaucoup de douceur, d’où la somptuosité de la robe claire de sainte Catherine et son riche brocart. » Cette réaction au caravagisme se retrouve chez plusieurs grands artistes de sa génération exerçant en Italie, comme Simon Vouet (1590-1649) ou Guido Reni (1575-1642). Le tableau est une œuvre charnière entre le bouleversement caravagesque et le retour à l’idéal classique.


L’intercession des saints et l’humanisation des Textes
Ce Mariage mystique de sainte Catherine entre sainte Agathe et saint Jean-Baptiste s’inscrit dans le mouvement de la Contre-Réforme initié par l’église catholique en réaction au protestantisme. Les arts sont alors utilisés pour toucher les fidèles et la peinture va servir à humaniser les Textes sacrés. Dans notre tableau, les saints sont mis en avant pour leur rôle d’intercesseurs entre l’humain et le divin. « Cette grande toile reprend le thème des « sacra conversazione » (conversations sacrées), c’est-à-dire la réunion de personnages saints autour de la Vierge et de l’Enfant. Comme le recommandait la Contre-Réforme, l’iconographie est facile à déchiffrer et chaque saint est identifiable grâce à son symbole iconographique traditionnel. » Ainsi, le fragment de roue aux pieds de sainte Catherine vient rappeler l’instrument de son supplice, tout comme la coupe avec les seins de sainte Agathe témoigne de son martyre.

Un dialogue permanent entre l’artiste et son possible commanditaire
L’iconographie précise et complète du tableau offre plusieurs indications sur le commanditaire de l’œuvre. « La représentation de saintes comme Catherine et Agathe permet d’imaginer que la commande a été faite pour un couvent de femmes, précise Éric Turquin. Il faut se souvenir, que ces grands tableaux étaient à l’époque le fruit d’un dialogue entre le peintre et les commanditaires qui avaient des exigences iconographiques très précises. »

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ARTS DÉCORATIFS DU XIe AU XIXe SIÈCLE
vendredi 29 janvier 2021 14:00
Salle 5-6 - Drouot-Richelieu, 9, rue Drouot 75009 Paris
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