LA COLLECTION PERSONNELLE DE MICHEL TAPIÉ AUX ENCHERES


Le 14 décembre, à l'occasion de la vente dédiée à l'art d'après-guerre et contemporain, la Maison Ader proposera une cinquantaine d'œuvres collectionnées par Michel Tapié (1909-1987). “C'est un ensemble d'œuvres qui sont restées dans sa famille et qu'on voit très rarement en France » précise Maître Xavier Dominique.
Fougueux, ambitieux, idéaliste, Michel Tapié quitte son Tarn natal en 1928 pour rejoindre Paris et marcher dans le sillage de son talentueux cousin Henri de Toulouse-Lautrec. Il s'installe à Montparnasse où il fréquente ceux qui deviendront les grands noms de l'avant-garde. Paris devient sa nouvelle maison, il se rêve artiste. Peintre, sculpteur, il est aussi musicien – il pratique 5 instruments - et joue régulièrement dans des jazz-bands pour gagner sa vie. Dans son atelier rue Vaugirard, Tapié sculpte le jour, travaille ses gammes la nuit, mais n'a ni le goût de la peinture conventionnelle, ni le génie de son cousin. Comme Marcel Proust, Michel Tapié est asthmatique. Et comme pour le grand écrivain, sa santé précaire le force à garder le lit. Paradoxalement, cela est une chance : il se découvre des dispositions à l'écriture et apprend le métier de critique d'art. 
En cette même période, l'écrivain naissant fait une rencontre décisive : celle de son voisin, le peintre Jean Dubuffet.”Ce dernier ne supporte plus ses répétitions musicales nocturnes et, sans ménagement, dans son argot célinien, il lui fait vite comprendre qu’il n’est ni doué pour la pratique des arts, ni promis à un avenir de chef d’orchestre” explique Juliette Evezard, docteur en Histoire de l’Art et spécialiste de Michel Tapié. Dubuffet le présente alors à son galeriste : c'est une révélation. À partir de 1946, Tapié devient conseiller auprès des galeries d'art abstrait et gestuel. 
Cherchant en permanence à tisser sa toile dans le cercle de l'art abstrait, Tapié fréquente  les mouvements avant-gardistes. Tachisme, art brut, abstraction américaine, il est attiré par cette effervescence culturelle qui, à ses yeux, promet de déboucher sur des horizons aussi divers qu'il y a d'artistes en devenir. Prônant le décloisonnement des arts, il se sert de son spectre de relations pour provoquer des rencontres, engager des dialogues artistiques et rassembler sur différentes scènes des peintres abstraits comme des artistes figuratifs.
Pour témoigner de ce bouillonnement intellectuel dans lequel il a la chance d'évoluer, il se fait porte-parole d'une théorie nouvelle. Michel Tapié publie en 1952  Un art autre, ouvrage de référence dans l'histoire de l'art d'après-guerre. Dans ce manifeste, le critique théorise tout ce qu’il a exploré depuis une quinzaine d'années. Michel Tapié revendique “l'art autre” c’est-à-dire un art qui s’éloigne de la logique de l’art traditionnel et d'une démarche académique, qu'il résume par l'expression “art informel”.
Poursuivant son ambitieux projet de donner toujours plus de visibilité aux artistes qu'il défend, il voyage dans tous les continents. “Tapié a été, pour certains artistes, le premier à les présenter et à les défendre en France” explique Maître Dominique.
Le critique d'art sollicite, avec la ferveur qui le caractérise, les conservateurs de musées internationaux pour leur vendre les œuvres des artistes de sa constellation. Tapié souhaite  les voir intégrer les collections de ces prestigieuses institutions. Mais le résultat n'est pas à la hauteur de ses attentes. Témoin actif de l'art d'après-guerre, il en retient le souffle. Alors, toujours plus entreprenant, il crée lui-même deux institutions. En 1957 Tapié ouvre la New York-Rome Art Foundation à Rome et en 1960 l’International Center of Aesthetic Research à Turin. Maître Insho, Yanaghi, Philippe Hosiasson, Constantin Karahalio, ou encore Michael Goldberg, Michel Tapié les expose dans ses institutions et sur ses cimaises. « Des artistes japonais, grecs, américains que peu de gens connaissent. Ce sont de vrais bons artistes. Ce qui est intéressant dans cet ensemble, c'est qu'il y a des artistes qu'on a très peu l'habitude de voir en France, qui sont arrivés tard sur le marché français car Tapié est le seul à les avoir présentés » précise Xavier Dominique.

      

Lot 52 - Michael GOLDBERG (1924-2007), Le Meutrier de l’acteur, 1961
Huile sur toile.Signée, datée et titrée (en français et en anglais) au dos.(Petits manques).193 x 189 cm
Provenance : - Collection Michel Tapié.- Succession Jean-Marc Tapié de Celeyran.
 Estimation : 8 000 €  - 12 000 €


Lot 58 - Roberto ALTMANN (né en 1942), Hypergraphie, 1964 
Huile sur toile. Signée et datée à la peinture au dos. Signée, datée et titrée au feutre au dos. 195 x 130 cm
Provenance : - Collection Michel Tapié. - Succession Jean-Marc Tapié de Celeyran. Expositions : - Galleria d’Arte Cortina, Milan, avril 1969. - Galleria d’Arte Cortina, Milan, juin-septembre 1972. Bibliographie : - Michel Tapié, Espaces généralisés, Introduction à la connaissance esthétique (III), Turin, Edizione del Dioscuro et Centro Internazionale di Richerche Estetiche, 1969, reproduit p. 23.

Estimation : 12 000 € - 15 000 €


ART D'APRÈS-GUERRE ET CONTEMPORAIN - PRESTIGE
mardi 14 décembre 2021 14:00
Salle 5-6 - Hôtel Drouot , 9, rue Drouot 75009 Paris

EXPOSITION PUBLIQUE
À Drouot, salle 5-6
9, rue Drouot 75009 Paris
Samedi 11 décembre de 11 h à 18 h
Lundi 13 décembre de 11 h à 18 h
Mardi 14 décembre de 11 h à 12 h

RESPONSABLES DE LA VENTE
Xavier DOMINIQUE
xavier.dominique@ader-paris.fr

Camille Maujean :
camille.maujean@ader-paris.fr