Le 24 novembre prochain à l’Hôtel Drouot, salle 9, la maison de ventes Ader-Nordmann-Dominique présentera, lors d’une vente dédiée, une sélection de 130 œuvres du couple Jean et Jacqueline Lerat, dont la diversité offre un regard nouveau sur la céramique du XXe siècle et montre l’inscription de ces deux personnalités au cœur de l’histoire de l’art.

Pionniers dans les arts du feu, Jean et Jacqueline Lerat furent les acteurs d’une transition inédite en céramique, qui eut pour effet l’intégration du grès dans le domaine de l’art contemporain. Au cours du XXe siècle, alors que le médium terre fut redécouvert par les artistes, les Lerat investirent pleinement le travail du grès, jusque-là cantonné à une production d’usage. Cette terre brute, naturelle, cuite au feu de bois, devint très rapidement entre leurs mains, le support d’une modernité très affirmée pour définitivement l’amener vers un moyen d’expression essentiel au sein même de l’art moderne.
 

S’installant dans les années 1940 à La Borne, un village du Cher associé à la poterie, Jean et Jacqueline Lerat découvrirent le langage du grès, dont ils s’approprièrent progressivement la plasticité. À partir de leur rencontre dans l’atelier d’Armand Bedu, potier du village, ils allaient développer un art singulier, à l’image de leurs deux personnalités, qui se confondit par moments en une seul œuvre.

Leurs débuts furent marqués par une production imagière, inspirée de la production traditionnelle locale, qu’ils portèrent rapidement au rang de céramique artistique et sculpturale. Les Lerat apprirent à tourner et à modeler l’argile, construisant leurs œuvres en travaillant le volume, la lumière, la forme et la matière. Abandonnant peu à peu le tour, ils franchirent un pas vers la sculpture, transformant alors la céramique utilitaire qu’ils avaient connue à La Borne en céramique d’art, dans un souci d’ajout contemporain à la tradition locale. Leur approche inédite de la terre changea radicalement l’avenir de la céramique et fit d’eux non pas de simples potiers, mais de véritables plasticiens.

Le couple d’artistes créa des œuvres d’une grande richesse et d’une grande diversité, comme en témoignent les 130 lots présentés lors de la vente du 24 novembre prochain. Le travail des Lerat, grâce à des prédispositions personnelles dues à leurs parcours respectifs avant leur rencontre à La Borne et à un intérêt très vif pour l’actualité des arts par le biais de lectures ou de visites d’expositions, fut en effet marqué par une constante remise en question et par une exploration sans limites, qui dépassait le domaine céramique. Oscillant entre figuration et abstraction, l’œuvre des Lerat fut avant tout une œuvre marquée par la vie, le temps qui passe et l’humanité. Leurs recherches furent tournées vers un questionnement constant autour des thèmes universaux du corps humain et de son environnement – que seul l’argile, par sa primordialité, pouvait transcrire. Le mouvement des corps et de la nature traversa ainsi tout leur travail, traduisant le désir de présence au monde de Jean et Jacqueline, qui tentèrent de saisir une réalité jamais entièrement conquise. Leur démarche était celle d’une quête de sens, laquelle primait toujours sur la recherche de perfection.

Dans leur travail de la terre, les Lerat adoptèrent un vocabulaire analogue à la peinture et la sculpture, dont les préoccupations leur paraissaient plus proches de leurs réflexions. Leur démarche de sculpteur se ressent particulièrement dans la construction de leurs céramiques, modelées à la force de leurs doigts et mises en tension avec l’espace par une juxtaposition de plans et de volumes. Explorant le langage de la peinture, ils assimilèrent des questionnements proches de ceux des peintres contemporains, qu’ils traduisirent de manière unique à la surface de leurs œuvres en trois dimensions. Le traitement de la « peau » de leurs céramiques témoigne de cette approche innovante, qui les inscrit pleinement dans l’histoire de l’art.


Les 130 œuvres présentées dans la vente du 24 novembre offrent au public un aperçu de l’étendue de leurs recherches autour du matériau terre, tant au point de vue de la chronologie que celui des thématiques abordées par le couple de céramistes. La vente rassemble ainsi des pièces diverses, allant des pièces figuratives proches de la tradition bornoise de leurs débuts jusqu’à leurs sculptures issues de leurs recherches en abstraction, en passant par les pièces utilitaires qui firent partie de leur quotidien.

Jean et Jacqueline Lerat constituent un exemple unique de céramistes s’étant affranchis des arts décoratifs. Leur démarche inédite du traitement de la terre fut le terreau sur lequel naquirent les générations de céramistes suivantes, qui prolongèrent les possibilités qu’ils avaient commencé à explorer. Pionniers parmi les grands acteurs de l’art céramique du XXe siècle, leur place au sein de l’art contemporain semble indéniable. Cette dispersion nous donne ainsi la chance d’embrasser leurs œuvres complémentaires et diversifiées.



















INFORMATIONS SUR LA VENTE

Jeudi 24 novembre 2022 - 14h - Hôtel Drouot


Exposition publique :

Mardi 22 novembre 11h - 18h
Mercredi 23 novembre 11h - 18h
Jeudi 24 novembre 11h - 12h



Expert : Emmanuel EYRAUD

Membre de la Compagnie Nationale des Experts
Assisté de Carole FEREZ & Valentin SCHNEIDER
27, rue Saint-Dominique 75007 PARIS
eyraud.expert@free.fr
06 07 83 62 43
01 45 54 97 51



Responsables de la vente :

Xavier DOMINIQUE
Anne-Lise PERNIN
xavier.dominique@ader-paris.fr
01 78 91 10 09