Collection Yolande et Lucien Clergue

 
Le 10 avril 2025, la maison Ader dispersera aux enchères une collection d’œuvres inédites ayant appartenu à Yolande et Lucien Clergue, figure majeure de la photographie française. Cet ensemble rare, composé de plus de 150 pièces pour la première vente et plus de 170 lots pour la section photographique, dévoile un pan intime de son parcours, entre influences fondatrices et amitiés profondes.




La vente se déclinera donc en trois parties distinctes :
 
  • Une section dédiée aux Beaux-Arts, réunissant des œuvres de Picasso, Cocteau, Prassinos et d’autres artistes majeurs, témoins des liens étroits que Clergue a entretenus avec le monde de la peinture et de la littérature. Cette première vente se tiendra à l’Hôtel Drouot à 14h.
  • Une section consacrée à sa collection de photographies personnelles, rassemblant des tirages iconiques d’Ansel Adams, Robert Mapplethorpe, Irving Penn et Sebastião Salgado entre autres, révélant son regard de collectionneur et ses échanges avec les grandes figures de la photographie. Cette seconde vente aura lieu à 17h dans notre salle de vente Grange Batelière.
  • Une troisième section présentera des livres de photographie dédicacés à Lucien Clergue, proposés en vente Online sur Drouot à partir du 15 avril, pendant plusieurs jours.

Parmi les trésors de cette collection, des œuvres signées Picasso, Cocteau et Prassinos dialoguent avec des dessins originaux, des estampes et des documents précieux. Certains, annotés de la main de Picasso, portent des dédicaces adressées à « son ami Lucien Clergue », traces tangibles d’une complicité artistique hors du commun.


Pablo PICASSO (1881-1973)
Portrait de Yolande, 1965
Terre cuite gravée et incisée à la lime à ongles - Pièce unique.
© Succession Picasso 2025
 
DES RENCONTRES FONDATRICES

Cette collection retrace un parcours jalonné de rencontres déterminantes qui ont façonné le regard et la carrière de Lucien Clergue. Tout commence le 5 avril 1953, dans les arènes d’Arles. Après une corrida, le jeune photographe ose tendre l’un de ses clichés à Pablo Picasso. Ce geste marque le début d’une relation privilégiée : fasciné par l’énergie de Clergue, Picasso devient un passeur, partageant ses œuvres avec Jean Cocteau, convaincu que ce dernier percevra son talent. Dans cette vente, plusieurs documents inédits témoignent de ces échanges artistiques et amicaux entre Clergue et Picasso : lettres, estampes et photographies dédicacées qui soulignent la reconnaissance du maître espagnol envers le regard singulier du jeune photographe.

Pablo PICASSO (1881-1973)
Lucien Clergue dans les étangs de Camargue, 1961
Encre, lavis d’encre et grattage sur papier cartonné.
© Succession Picasso 2025

 


La relation entre Jean Cocteau et Lucien Clergue est un dialogue où l’image et les mots se rejoignent dans une même quête poétique. Leur correspondance, riche et soutenue, transparaît dans plusieurs œuvres : une série de 115 lettres manuscrites de Cocteau qui seront d’ailleurs rééditées chez Actes Sud, dont 17 sont illustrés de dessins, un dessin original et une lithographie... Autant de témoignages d’un échange où Cocteau, à travers ses mots et ses images, salue en Clergue un véritable « poète de la photographie ».

 
Profil à l’œil-poisson, 1960
Pastel gras bleu sur papier brun.
Merci super Yolanda pour le magnifique taureau…, 1989
Huile sur toile

D’autres figures viennent enrichir ce parcours. Salvador Dalí, dans son exubérance, tisse avec Clergue une relation plus libre, marquée par des gestes d’amitié et quelques œuvres dédiées. Mario Prassinos, lui, pose un regard attentif et singulier sur son travail. Il ne se contente pas de peindre son portrait, il écrit sur lui, avec une précision presque picturale, interrogeant la manière dont Clergue capture le réel. Dans un texte d’une rare profondeur, il décrit le photographe, comme une loupe, capable de révéler ce qui échappe au premier regard et à voir au-delà des évidences. D’autres grands noms croisent également son chemin. Christian Lacroix, Roy Lichtenstein, Christo et Robert Rauschenberg font partie de ce réseau artistique entre autres, témoignant de l’écho que trouve son travail bien au-delà de la photographie.


Mario PRASSINOS (1916-1985)
Les Arbres, 1984
Encre et lavis d’encre sur papier monté sur toile.
 
Mais ces amitiés, ces complicités artistiques ne se construisent pas seules. À ses côtés, son épouse, Yolande Clergue, joue un rôle fondamental. Partenaire de chaque instant, elle est bien plus qu’un soutien : elle partage avec lui cette passion pour l’art, accueille et entretient le dialogue avec ces figures majeures. Son engagement trouve un écho puissant avec la création de la Fondation Van Gogh à Arles, qui attire de nombreux artistes et ancre encore davantage la ville dans le paysage culturel. Son regard, sa détermination et sa sensibilité accompagnent Lucien Clergue tout au long de son parcours, contribuant à faire résonner son œuvre bien au-delà de leur terre arlésienne. Cette vente exceptionnelle ouvre une fenêtre sur l’univers d’un photographe habité, enraciné dans sa terre d’Arles, mais en dialogue permanent avec les géants du XXᵉ siècle. Un artiste dont la poésie visuelle continue d’éclairer le regard.

UN ARTISTE PROFONDÉMENT ENRACINÉ DANS LE TERRITOIRE
 
Lucien Clergue n’a jamais cessé de photographier Arles et la Camargue, puisant son inspiration dans le culte du taureau, les terres et la lumière du Sud. Son œuvre repose sur une dualité profonde : d’un côté, une méditation sur la vie et la mort, omniprésente dans ses séries photographiques ; de l’autre, l’histrion généreux, toujours en quête de transmission. En 1965, il obtient l’ouverture d’une salle dédiée à la photographie au musée Réattu d’Arles, une première en France. Ce geste fait date : il impose la photographie comme un art à part entière, légitime aux yeux des institutions. Quelques années plus tard, il fonde les Rencontres d’Arles, qui deviendront l’un des festivals de photographie les plus influents au monde. Premier photographe élu à l’Académie des beaux-arts de l’Institut de France, Lucien Clergue intègre l’institution en 2006, l’année même où elle crée pour la première fois une section dédiée à la photographie. En 2013, il en devient président, consacrant ainsi son engagement pour la reconnaissance de cet art longtemps tenu à l’écart des beaux-arts.

 
Ansel Adams (1902-1984)
Moonrise. Hernandez, New Mexico, 1941.
Épreuve argentique


LUCIEN CLERGUE : UN REGARD EN COLLECTION
 
Cette vente du 10 avril marque la première étape de cet hommage. À 17h, dans notre salle de vente Grange Batelière, sera dispersée la collection de photographies personnelles de Lucien Clergue, réunissant plus de 170 lots. Ce second volet de la journée dévoile un pan essentiel de son regard de collectionneur, où l’on retrouve des œuvres d’Ansel Adams, Robert Mapplethorpe, Irving Penn, Sebastião Salgado et bien d’autres. Chaque tirage, soigneusement choisi et annoté, témoigne des affinités artistiques de Clergue et des liens qu’il a tissés avec ces grandes figures de la photographie. Une nouvelle occasion d’explorer l’univers intime de Lucien Clergue, dont l’héritage continue de rayonner à travers ces images, reflets de son admiration et de sa passion pour l’art photographique.
 
Irving Penn (1917-2009)
Marlene Dietrich. New York, 1948.
Épreuve argentique d'époque
Robert Mapplethorpe (1946-1989)
Sans titre [Milton Moore], 1981.
Épreuve argentique d'époque
 

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Collection Yolande et Lucien Clergue

Date de la vente : 10 avril 2025

Lieu :
14h - Hôtel Drouot, Salle 9 : Vente des Beaux-Arts
17h - Salle Grange Batelière : Vente de la collection de photographies personnelles

Exposition publique : le 8 avril de 11h à 18h et 9 avril, de 11h à 20h

Contact : xavier.dominique@ader-paris.fr et camille.maujean@ader-paris.fr
Contact presse : paul.rocle@ader-paris.fr