VIDEO - Christian Fjerdingstad, à l’avant-garde de l’Art Déco

VIDEO - Christian Fjerdingstad, à l’avant-garde de l’Art Déco

Le nom de Christian Fjerdingstad (1891-1968) reste généralement associé à celui de Christofle, où il officiait comme directeur de la création à l’époque où la manufacture était la première maison d’orfèvrerie au monde. Restée confidentielle, son influence dans l’expansion de l’Art Déco est néanmoins reconnue par les historiens de l’art et les institutions. La vente aux enchères le 7 juin 2019 à Paris par la maison Ader d’un ensemble d’une trentaine de pièces de tabletterie et d’argenterie réalisées par l’artiste d’origine danoise, et conservées dans sa collection privée, est l’occasion de découvrir la virtuosité et le raffinement de ses œuvres et de retenir ce nom important de l’Art Déco. Les estimations oscillent de quelques centaines d’euros jusqu’à 30 000 euros.

« La maison Ader est fière de pouvoir présenter cette collection Art Déco d’exception et de mettre ainsi en lumière le travail avant-gardiste de Christian Fjerdingstad. Son influence dans le mouvement Art Déco est indéniable, notamment par l’emploi de matières nobles. La technicité et le raffinement des œuvres présentées dans cette vente sont à rapprocher du travail d’artistes tels que Georges Bastard (1881-1939) et Eugènie O’Kin (1880-1948), célèbres tabletiers et virtuoses des matériaux précieux comme la corne, la nacre, le sycomore... La préciosité des matériaux est pour notre maison de ventes une facette prééminente de ce mouvement artistique, et nous prenons à cœur notre mission de valorisation des pièces réalisées pendant cette période », s’enthousiasment Maîtres David Nordmann et Xavier Dominique.

Des pièces inédites provenant de la collection personnelle de Fjerdingstad

Des poissons stylisés et sculptés dans de l’ambre rouge, de l’ivoire et du métal argenté, une tête de cervidé taillée dans de la corne blonde, une paire de candélabres à quatre lumières en argent et dent de narval, pour réaliser les pièces de tabletterie et d’argenterie qui seront mises aux enchères le 7 juin 2019 à Paris par Maîtres David Nordmann et Xavier Dominique de la maison Ader, Christian Fjerdingstad (1891-1968) n’a sélectionné que des matériaux nobles. « Aussi précieuses que difficiles à travailler, en raison de leur rudesse, ces matières sont toutes modelées et polies avec beaucoup de dextérité et sublimées par des lignes fluides et épurées caractéristiques d’une grande modernité », détaille Emmanuel Eyraud, expert en arts du XXe siècle.

L’esprit danois : des matériaux organiques aux lignes fluides et libérées

Puisant son inspiration dans sa double culture danoise et française, Christian Fjerdingstad a su imposer un style aussi personnel qu’innovant. « La liberté des formes qu’il emploie, des courbes qu’il dessine, son goût pour l’épure renvoient au vocabulaire décoratif des artistes scandinaves modernes, dont le mobilier connaît un succès retentissant. Il appréciait notamment le travail de Georg Jensen (1866-1935), orfèvre danois de renom et précurseur du design », détaille l’expert Emmanuel Eyraud.

Des matières naturelles et inédites rapportées des plages dans son enfance

La culture scandinave est également célébrée dans les matières choisies par Fjerdingstad. Fasciné par les matériaux naturels découverts pendant son enfance, l’artiste danois utilisera tout au long de sa carrière l’ambre, le buis, le corail, l’ivoire, la corne... « Christian Fjerdingstad naît sur une petite île de la Baltique du nom de Christiansø, où son père était gardien de phare, raconte Emmanuel Eyraud. Il grandit au contact de la nature, des éléments souvent déchaînés mais avant tout inspirants. Il gardera tout au long de sa vie et de sa carrière cette proximité avec la mer et les pierres, les coquillages et même les morceaux d’ambre qu’il ramassait petit sur les plages de Christianø. » Lorsqu’il s’installe en France dans les années 1920, les matières organiques qu’il apporte de son Danemark natal sont alors très rarement, voire jamais utilisées pour des objets décoratifs.

Avec Fernand Léger et Jacques Doucet

Engagé dans la Légion Étrangère pendant la Première Guerre mondiale, pour combattre aux côtés des Français, Christian Fjerdingstad est gravement blessé à la jambe, puis réformé. Il décide alors de s’installer en France, à Fontenay-aux-Roses, où il fait la connaissance d’un célèbre voisin du nom de Fernand Léger. Séduit par son travail, le peintre cubiste incite Fjerdingstad à participer au Salon d’Automne. L’artiste danois se laisse convaincre et en 1921 il expose ses pièces lors cet événement artistique majeur, où il connaîtra un grand succès. Son tout premier acheteur n’est autre que le couturier, grand collectionneur et mécène Jacques Doucet. Personnalité influente de la vie artistique française de l’époque, Doucet va suivre et promouvoir le travail de Fjerdingstad. Dans son autobiographie, le Danois raconte d’ailleurs que Fernand Léger lui aurait fait cette prophétie : « Vous avez vendu à Doucet ? Alors vous êtes lancé maintenant. »