Quand les meubles XVIIIe écrivent leur histoire
Proposée aux enchères mardi 15 juin 2021 à Paris, Drouot, par la maison Ader, cette table à écrire en marqueterie d’époque Louis XVI estimée de 5.000 à 8.000 euros contient une inscription cachée. Écrite au moment de sa réalisation, elle offre un rare témoignage de son passé…
Cachée au revers de cette table en marqueterie, une inscription est notée à l’encre : « 3 pièce argenté Poirier ». Cette phrase énigmatique a été écrite au moment de la réalisation de ce meuble, sous le règne de Louis XVI. « Poirier fait référence au nom de Simon-Philippe Poirier (vers 1720-1785) l’un des plus célèbres marchands merciers, ces commerçants du XVIIIe siècle qui faisaient le lien entre les différents artisans et le client final », explique Pierre-François Dayot, expert en mobilier et objets d’art. Si les corporations étaient alors cantonnées à la production et à la vente d’une catégorie délimitée de produits (orfèvrerie, dorure, marbre…), les marchands merciers travaillaient avec plusieurs corps de métiers et s’occupaient ensuite de la commercialisation.
« Cette inscriptions constitue un rare témoignage de la fabrication d’un meuble de luxe au XVIIIe siècle, et du rôle essentiel du marchand mercier. Véritable chef d’orchestre, il est le seul à pouvoir faire le lien entre les différentes activités artisanales alors séparées », explique Pierre-François Dayot.
« Lorsqu’il a fallu équiper cette table à écrire de son écritoire, et plus précisément des godets en métal fixés à l’intérieur du tiroir, Simon-Philippe Poirier a fait appel à un artisan dédié à ce type d'accessoires en métal argenté évoqués sur l’inscription : « 3 piece argenté » ont très certainement été réalisés par un ferblantier », complète le spécialiste. Une mention similaire retrouvée sur un autre meuble réalisé sous la direction de Poirier permet de confirmer l’habitude du marchand mercier de communiquer par écrit, et directement sur le meuble, ses instructions aux fabricants.
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