Le 18 mars prochain, la maison de ventes Ader dispersera aux enchères le fonds Maurice de Becque (1878-1938). Dessinateur talentueux, graveur renommé, son œuvre est aussi celle d'un illustrateur. Composé d'une vingtaine de toiles et d'une centaine de dessins, la provenance de ce fonds est familiale : c'est le petit fils de l'artiste qui confie à l’étude une grande partie de sa collection personnelle.
Dans son corpus, Maurice de Becque aborde des thèmes communs aux grands illustrateurs, comme celui de la faune : sa connaissance approfondie et son étude des animaux feront la réputation du peintre. Illustrateur prolifique, l'artiste promène aussi son crayon de la Bretagne jusqu'en Russie. Les œuvres seront proposées aux enchères à l'Hôtel Drouot avec des estimations variant entre 100 € et 2 000 €.


DE BECQUE ILLUSTRATEUR
Né à Saumur en 1878, Maurice Jaubert de Becque quitte la douceur angevine pour étudier à l'Ecole des Beaux-Arts de Paris. Pendant plusieurs années, il suit les cours d'anatomie de Mathias Duval, appliqués tant à l'homme qu'aux animaux. Paris devient sa nouvelle maison. Il y établit son atelier et, à partir de 1903, expose régulièrement ses œuvres au Salon d'automne. L’objectif de cette manifestation artistique est double : offrir des débouchés aux jeunes artistes et faire découvrir les mouvements artistiques d'avant-garde à un public populaire.
Dessinateur, il est aussi graveur. Il est rapidement repéré pour son talent d'illustrateur par des éditeurs parisiens qui le chargent d'illustrer les œuvres de Baudelaire, Daudet, Gautier, Juvénal, Kipling, La Fontaine, Loti, Rimbaud, Stendhal et Villon. Si les écrits qui lui sont confiés à illustrer sont de genres et d’époques très différents, on retrouve néanmoins dans chacune des illustrations de Maurice de Becque un soin tout particulier apporté au détail et au réalisme. Cadrage, gros-plans, vues en contre-plongée, le sujet est toujours traité avec le regard et la perspective d'un dessinateur : l'œuvre de Maurice de Becque est celle d'un illustrateur.


UN TALENTUEUX ARTISTE ANIMALIER
Eléphants, singes, fauves,...C'est un aperçu du talent d'animalier de l'artiste que la vente du 18 mars donne à voir aux amateurs. Très intéressé par la représentation de la faune, Maurice de Becque est l'un des membres fondateurs de la Société des peintres Animaliers qui voit le jour en 1912. Il y fréquente notamment Paul Jouve, figure tutélaire et contemporaine de l'illustrateur, dont l'esthétique est approchante.
Quoique déjà bon peintre-animalier, de Becque cherche à approfondir ses connaissances sur les mœurs d'animaux presque inconnus de lui. Il part donc à Anvers où le jardin zoologique lui permet d'observer à loisir les différents représentants de la faune exotique. L'étude Ader offre aux enchères quelques œuvres qui résultent de ce que Maurice de Becque a vu et noté.
Il faudrait tout citer dans cette vente : les attitudes si bien observées des singes sur cette encre rehaussée d'aquarelle, les dessins et gravures de pachydermes, retranscrits sur le papier par de Becque avec une réalité surprenante. Dans l'encre et aquarelle «Éléphant », le modelé puissant se conjugue à la couleur sobre pour révéler la fine observation de l'illustrateur. On retiendra aussi dans cette vente l'encre rehaussée de gouache « Bouddha juché sur son éléphant » où les reflets bleuâtres du ciel hindou viennent caresser l'échine de l'énorme bête.
Lorsque l'éditeur Kra, qui se proposait de publier une édition illustrée du “Livre de la jungle” présenta à Rudyard Kipling la première gravure de Maurice de Becque représentant un éléphant, le grand écrivain anglais répondit “Vous avez trouvé un excellent illustrateur, gardez-le”.

LA BRETAGNE, TERRE DE PRÉDILECTION DE L'ARTISTE
La vente sera complétée par plusieurs paysages bretons, région dans laquelle Maurice de Becque s'installe définitivement à partir de 1932. Parmi ces encres colorées, on retiendra une puissante marine « Port en Bretagne » et une belle étude de rochers « phare en Bretagne » qui rendent hommage à l'authenticité et la beauté de ce territoire. « La Direction du Jounal L'Illustration, reconnaissant ses capacités de graveur, se l'attacha et nous avons tous pu admirer (…) ses phares d'Armen, de la Jument, de la Vierge qui eurent un succès considérable dans toute la Bretagne » peut-on lire dans la nécrologie de la dépêche de Brest et de l'ouest le 27 février 1938 séries, d'une luminosité remarquable, furent exposées à Brest et à Morlaix, mais également à Paris.