UN PASTEL INÉDIT DE MILLET ADJUGÉ 320 000 €



Le 3 novembre 2022, la maison Ader, avec le concours du cabinet de Bayser, organisait une vente dédiée aux dessins du XIXème et modernes à l’Hôtel Drouot. Parmi les 260 lots proposés, un pastel inédit de Jean-François Millet (1814–1875) qui provenait de la célèbre collection Dethomas. Conservée jusqu’alors dans la famille du collectionneur, l'œuvre qui traite d’un thème cher à l’artiste n’avait jamais été ni exposée ni présentée sur le marché. Elle a été adjugée 320 000 Euros (frais inclus).

Jean-Albert Dethomas (1842-1891) était avocat à la Cour d’appel de Paris, et avant tout un grand amateur d’art. Dans une lettre adressée à Alfred Sensier, ami et biographe de Jean-François Millet, on apprend qu’il était un fervent admirateur du peintre. En 1865 il s’est d’ailleurs porté acquéreur du célèbre pastel de l'artiste, “Le semeur”, aujourd'hui conservé au Clark Art Institute de Williamstown.
C’est un autre pastel de Millet, acquis également par ce grand collectionneur, qui retient aujourd’hui notre attention et qui sera proposé aux enchères le 3 novembre prochain.


Le bêcheur : thème emblématique de Millet

Le pastel représente un paysan se reposant sur sa bêche dans son champ, thème cher à Millet, peintre de la vie rustique et des traditions paysannes.
«Dans les endroits labourés, quoique, quelquefois, dans certains pays peu labourables, vous voyez des figures bêchant, piochant » écrit Millet. «Vous en voyez une de temps en temps se redressant les reins, comme on dit, et essuyant le front avec le revers de la main. «Tu mangeras ton pain à la sueur de ton front ». Est-ce là le travail gai, folâtre, auquel certaines gens voudraient nous faire croire ? C’est cependant là que se trouve pour moi la vraie humanité, la grande poésie. » explique l’artiste lui-même.
Le rôle de Jean-François Millet est considérable dans l’histoire de la peinture : sous l’influence du mouvement réaliste qui apparaît au 19ème et qui remet en cause les conventions académiques formalisées au 17eme siècle, il renouvelle véritablement l'iconographie du monde paysan : les scènes de la vie paysanne prennent alors place sur les cimaises des Salons.


Le pastel, une révélation pour Millet

Si pendant plusieurs siècles, pour bien des peintres, le pastel est une technique qui permet de réaliser un travail préalable en vue de l'œuvre finale, la démarche pour ce pastel-ci est bien différente. Il s’agit en effet d’une œuvre à part entière, véritablement aboutie. Selon l’historien de l’art Robert L.Herbert, elle “répond si bien au goût instinctif de Millet pour le dessin qu’il lui sacrifie la peinture à l’huile.» Car Millet est “un dessinateur instinctif” explique Patrick de Bayser, expert de cette vente et “dans les années 1865,  Millet ne va quasiment faire que des pastels". Les archives montrent d’ailleurs qu’à partir de 1865, Emile Gavet, un des plus grands collectionneurs de la seconde moitié du 19ème siècle, commence à acheter des pastels à Millet en rémunérant correctement l’artiste. La technique du pastel est une véritable révélation pour Millet : “La technique du pastel lui permet de mélanger la couleur avec son dessin", explique-t-il. Au début, il garde une utilisation importante du crayon noir pour les contours mais très vite il dessine avec la couleur : en précurseur de Van Gogh, il abolit la distinction entre le dessin et le coloris.


Une oeuvre de la maturité

Presque tous les sujets traités par Millet dans sa maturité sont des thèmes déjà présents dans ses œuvres de jeunesse. Notre pastel est à rapprocher d’une série de travaux que le peintre fait entre 1855 et 1865. En le comparant par exemple avec l’huile sur toile “les deux bêcheurs” faite par Millet en 1855, soit environ une dizaine d’années avant notre pastel, on constate plusieurs variantes, par exemple sur la position de la tête et l’angle du manche de la bêche. “Millet met son personnage en perspective dans l’immensité d’une plaine, peut-être celle de Chailly, avec au loin un hameau dans un bosquet vers lequel convergent les lignes de force” précise Patrick de Bayser.


Au revers du pastel, l’acquéreur aura le bonheur de découvrir d’autres dessins : des études de femmes nues, de bras et de jambes pour le pastel des " Baigneuses conservé au musée des Beaux-Arts de Lille.




Jean-François MILLET (1814-1875)
Recto : Un paysan se reposant sur sa bêche dans son champ
Verso : Etudes de femmes nues, de bras et de jambes pour le pastel des Baigneuses Pastel et crayon noir. Signé " J.F. Millet " en bas à droite. (Légèrement insolé).
37,5 x 47 cm
Provenance : Jean-Albert Dethomas (1842-1891), père de l'artiste Maxime Dethomas, puis par descendance.
250 000 € - 300 000 €



INFORMATIONS SUR LA VENTE
DESSINS XIXE & MODERNES

jeudi 03 novembre 2022 14:00


Salle 4 - Hôtel Drouot , 9, rue Drouot 75009 Paris


INFORMATIONS SUR LA VENTE
EXPOSITION PUBLIQUE

À Drouot, salle 4
9, rue Drouot 75009 Paris

Mercredi 2 novembre de 11 h à 18 h
Jeudi 3 novembre de 11 h à 12h


RESPONSABLES DE LA VENTE

Xavier DOMINIQUE
xavier.dominique@ader-paris.fr

Camille Maujean
camille.maujean@ader-paris.fr

EXPERT
Cabinet de Bayser