COLLECTION DE LAQUES JAPONAISES




 
La vente du 21 avril 2023 propose notamment une collection de pièces asiatiques de grande qualité dont plusieurs objets japonais en laque. Ces pièces sont à découvrir dès l’exposition qui commence Jeudi 20 avril en salle 2 à Drouot. Parmi toutes ces merveilles, deux tebako assez semblables (lots 119 et 120) ont tout un décor complexe qu’il est intéressant de décrypter.



La forme du « tebako »

Ces boîtes en laque sont apparues dès le XIIe s., et étaient utilisées pour ranger de petits accessoires, comme des peignes. À partir du XVIIe s., elles deviennent progressivement des pièces de collection, jusqu’à devenir des incontournables de toute collection de laque. Celles-ci étaient constituées par les membres de l’élite japonaise et se sont peu à peu démocratisées, jusqu’à intéresser la bourgeoisie marchande.
Ces deux boîtes, réalisées pendant l’époque Meiji-Taisho, présentent toutes les deux un décor qui s’inspire des réalisations de Shibata Zeshin, un artiste du XIXe s., peintre et laqueur, qui fut notamment apprécié par les anglo-saxons et qui connut un succès mitigé dans son pays : certains le voyaient comme trop original tandis que d’autres lui reprochaient un manque de singularité.



Des boîtes similaires

Dans l’aspect général, les deux boîtes, suivant ce même style, sont assez proches. Toutes deux présentent un bois laqué à fond ro iro (c’est-à-dire noir), et décorées en iroe takamaki-e, qui permet d’avoir des effets de relief et de couleur par l’inclusion dans la laque de poudre de métal. Elles ont aussi le même type de décoration, notamment en imitant des formes de tsuba (garde de sabre japonais, souvent décorée) et de kozuka (manches de kogatana, petits couteaux).

Parmi ces décorations, certaines sont identiques d’un tebako à l’autre, comme un kozuka qui présente un décor en calligraphie, et d'autres présentent des signatures incisées. Par ailleurs, les motifs représentés sont eux-mêmes assez semblables, s’inspirant en quasi-totalité de contes et légendes japonais ou encore de symboles folkloriques ou religieux. Enfin, la manière de réaliser le décor est identique : les motifs se découpent sur un fond coloré, qui imite un alliage métallique identifiable. Par exemple, certaines tsuba imitent le shibuishi, un alliage composé de cuivre et d’argent, assez sombre, tandis que d’autres reprennent la couleur rouge brun du suaka, un cuivre très pur, etc.



L’unicité de chaque tebako

Les boîtes diffèrent par leurs décors qui rivalisent d’inventivité. Allant chercher dans des références communes, les décors choisis déploient tout un univers familier aux Japonais, et plus complexe pour un non-initié.
Ainsi, les plus connaisseurs pourront reconnaître sur le couvercle du lot 119 une tsuba portant la figure d’Okame, la divinité de la gaieté, qui est souvent représentée dans l’art japonais de façon assez codifiée et reconnaissable. Elle est ici montrée jetant des haricots de soja sur un démon (oni), ce qui est une représentation assez courante faisant référence à une pratique particulière, le mame-maki, réalisée lors du festival de Setsubun qui marque le début du printemps dans le calendrier lunaire. Les Japonais jettent des haricots par leur fenêtre pour repousser le mauvais esprit et favoriser la bonne fortune dans la maisonnée.

L’autre tsuba du couvercle représente les personnages Kanzan et Jittoku, deux personnages propres à l’art zen, particulièrement identifiables par l’un qui tient un balai comme ici, ou l’autre qui tient un rouleau. D’autres tsuba, comme sur le couvercle de l’autre boîte, rappellent des contes comme la légende du « moineau à la langue coupée », qui donne lieu à une représentation de moineaux dansant sur une tsuba. Ce conte est à l’origine de la danse traditionnelle du moineau, Suzume Odori.

Par ailleurs, l’une des deux boîtes possède également une monture en argent tandis que l’autre voit une tsuba partagée entre la boîte et son couvercle, ce qui les distingue dans leur conception générale.

Ces deux tebako sont donc pleines de mystères. Ce sont des objets particuliers qui ne ressemblent pas vraiment aux autres pièces de laque de la collection, plus traditionnelles, aux teintes d’or et de noir. Le tout sera visible dès le 20 avril, et pourra compléter des collections le vendredi 21 avril.






Lot 119 : Tebako rectangulaire à décor dans le style de Shibata Zeshin, Japon, époque Meiji-Taisho
12,7 x 24,4 x 19,8 cm
Estimation : 5 000 – 6 000€







Lot 120 : Tebako rectangulaire à décor dans le style de Shibata Zeshin, Japon, époque Meiji-Taisho
13 x 24,3 x 19,8 cm
Estimation : 5 000 – 6 000€









EXTREME ORIENT – VENTE DE PRESTIGE

https://www.ader-paris.fr/catalogue/134515-extremeorient-vente-de-prestige



VENTE

Vendredi 21 avril 2023 14:00
Hôtel Drouot, salle 2



EXPOSITION PUBLIQUE

À Drouot, salle 2
Jeudi 20 avril de 11h à 20h
Vendredi 21 avril de 11h à 12h



EXPERTS 

Laurence SOUKSI et Frantz FRAY

Experts membres de la Chambre Nationale des Experts Spécialisés
espace4@espace4.com
9 rue Mazarine - 75006 Paris



RESPONSABLES DE LA VENTE

Magdalena Marzec
Marie-Axelle Couppé

magda.marzec@ader-paris.fr
01 78 91 10 08