ARTHUR SZYK. 49 DESSINS INEDITS

Szyk in Paris, 1910-1912 Arthur Szyk à Paris 1910-1912 Nous connaissons Arthur Szyk, le caricaturiste de génie, lutteur infatigable contre le national-socialisme, miniaturiste émérite, l'homme qui a fait revivre l'art de l'enluminure au 20e siècle. Mais qui était Arthur Szyk au début des années 1910 ? Même si l'œuvre de Szyk a été le sujet de nombreuses expositions et publications, peu d'informations nous sont parvenues jusqu’alors. Les remarquables dessins présentés ici, découverts très récemment sont bien plus que la preuve de la grande maturité de Szyk à un très jeune âge. Ils présentent également une opportunité unique d'en apprendre plus sur une période charnière de la création d'Arthur Szyk, encore mal connue aujourd'hui. Une certitude: au début des années 1910, Szyk n'est pas un adolescent ordinaire. Le fait que Szyk, - encore mineur, débarque seul à Paris en est la première manifestation. Il n'y avait jamais eu d'artistes dans la famille Szyk: rien ne prédestinait Arthur à choisir cette voie. Les Szyk étaient des industriels du textile à Lodz, des juifs séculaires, cultivés. Ils appartenaient à l'intelligentsia de la ville.. Si Arthur a su prendre en main son destin en partant pour Paris très jeune, c'est grâce à sa détermination et à son talent, trop éclatant pour être ignoré. On dit de lui qu'il fut un enfant prodige: il avait réalisé un dessin sur la rébellion Boxer en Chine à l'âge de 6 ans et obtenu sa première exposition publique alors qu'il était encore à l'école (*1). Ce qui a décidé de la vie d'Arthur, c'est son amour de l'art, son sens aigu de l'observation, sa passion pour l'histoire et la politique - et son don de transcrire ces passions avec son crayon. Nous retrouvons ces qualités dans chacun des dessin de cette collection. Ansell indique que Szyk arrive à Paris spécialement pour étudier à L'Académie Julian, probablement conseillé par ses professeurs en Pologne. Le peu de temps qu’il consacre à ses études à l’Académie nous fait effectivement douter de cette affirmation. Si, en effet, Szyk est arrivé a Paris en 1909 - ce qu'affirme la plupart des témoignages - il aurait passé toute une année dans la ville avant de commencer ses études. L'examen des registres de l'Académie Julian confirme que Szyk s'y est inscrit seulement en 1911. Il figure sous le nom de : « Arthur SCHICK », ce qui est peut-être une tentative de sa part de "franciser" son nom. Dans ses dessins de 1910-1912, sa signature varie d'un dessin à l'autre, ce qui semble indiquer une recherche d'identité de la part de l'artiste. Alternativement, cette signature "libre" peut être l’indication d'un homme, libre d'explorer, et d'être celui qu'il choisit d’être. Les archives de l'Académie Julian nous informent que Szyk résida au 95 rue de Vaugirard, un bel immeuble Art Nouveau en pierre de taille dans le 6ème arrondissement qui fut construit par l'architecte Ferdinand Glaize, et qui appartenait toujours à la famille Glaize. Nous ne savons pas s'il séjournait chez des amis, ni comment il avait trouvé ce logement. Szyk menait une existence plutôt cosmopolite. Comme nous l’indique la carte postale de voyage écrite pendant un arrêt à Cologne en été 1911, Arthur a quitté la France au moins une fois lors de son premier séjour à Paris, vraisemblablement pour se rendre en Pologne. Tout en vivant à Paris, il travaillait pour la revue satirique "Smiech" de Lodz, et certainement pour d'autres magazines. Avec pour preuve la caricature d'Abdul-Hamid II, œuvre élégante et très aboutie, Szyk se sentait concerné, et s’intéressait aux événements internationaux. Composée avec le plus grand soin (deux études pour la version finale témoigne d'une approche très construite) il est très probable que cette œuvre était destinée à la publication. Son projet pour un "Program" russe, qui figure également parmi nos dessins, est tout autant révélateur. Il suggère qu’ Arthur fréquenta des expatriés russes, et s'impliqua dans leur vie culturelle. Cette théorie est souten