Jean COCTEAU. 3 L.A.S., Paris 1932-1933,... - Lot 90 - Ader

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Jean COCTEAU. 3 L.A.S., Paris 1932-1933,... - Lot 90 - Ader
Jean COCTEAU. 3 L.A.S., Paris 1932-1933, à Marcel Gouet, à Orléans ; 4 pages formats divers, 2 enveloppes. – Et 11 L.A.S. de Marcel KHILL au même, 1931-[1939 ?] ; 15 pages in-4, 3 enveloppes. On joint 2 petites photographies représentant Cocteau, Christian Bérard et Marcel Khill (plus une découpée de Khill). Bel ensemble sur Cocteau et son compagnon Marcel Khill. [Cocteau a rencontré en 1932 le beau Marcel KHILL (1912-1940), qui sera son compagnon pendant plusieurs années. Il lui donnera le rôle du Messager de Corinthe dans La Machine infernale, et fera avec lui son tour du monde en 80 jours.] 16 juillet 1932. Il a fait entrer Marcel à l’hôpital Villemin dans le service de son ami Jausian, « d’où j’espère qu’il sortira vite libre et sain. Il ne cesse de rendre la bile. L’appendicite ne le délivre pas de ces maladies, de ces gaz, de ces sinusites, mouchages etc., mais si Jausian ne trouve pas la clef, Rosenthal la trouvera par l’entremise des sérums. Soyez tranquille ; je soigne bien notre sauvage et je ne l’aime pas avec égoïsme. Je progresse chaque minute. Votre ombre est toujours près de nous »… [30 juin 1933], sur les deux faces d’une carte postale illustrée de sa photographie : « Vous êtes un cœur digne de Marcel, notre diamant noir. Il y a de la tristesse entre nous, de la nuit, de l’encre, mais pas d’ombre ni de boue. Cette tristesse deviendra tendresse, cette nuit s’étoilera, cette encre signifiera et vous comprendrez que jamais je ne dérange le destin, qu’il me soit favorable ou funeste »… [19 juillet 1933]. « Marcel engraisse et sauf un peu mal à la jambe il se porte à merveille. Il continue d’être le prince mystérieux d’un château enchanté où pleuvent les pêches et les abricots. Il a encore sauté le mur pour me rendre visite car mon régime de 5 jours de jeûne l’inquiétait. Il m’a trouvé debout et courageux. Chaque jour amène un progrès dans cette âme nativement belle et déformée par Madeleine – la terrible poule à brevet ingénieur. Le niveau le pire. L’ennemie de la beauté de l’audace etc. Elle voulait se réinstaller à l’hôpital mais Marcel lui a fait comprendre que c’était fini et qu’elle n’avait plus de prise. C’est un ange et je voudrais lui donner des ailes pour sortir de ce service absurde »… Marcel KHILL. Paris 21 mars 1931. Tout le monde est malade : « Jean Marais, la gourme des enfants, avec une vieille otite carabinée. Jean geint toute la journée de sa grande pauvreté – “il est au bord de la mort” “le fisc lui a tout pris” – c’est affreux ce qu’il est devenu avare »… Hôpital Villemin [juillet 1932]. Toujours à l’hôpital, il y prend goût. « Nous avons passés un très beau séjour au Château Briacé. Le Châtelain qui est un fort gourmet nous offrait les mets les plus fins » ; lettre signée aussi par « Jean ». 1er septembre 1933. Il repart chez M. G. des Crances, au château Briacé (Loire-Inférieure). « Dans la journée nous prenons des bains de soleil et comme le château est entouré de grandes douves je me baigne dedans. Le soir Jean et son ami prennent tous les poisons et moi je lis ou je fais les pipes »… 1er janvier 1934, vœux ; « Jean est à la maison de santé Valem »… – Le chèque de Gouet « vient à point dans notre maison si lourde et où Jean lutte avec son nouveau courage qui m’éttonne. Oui mon cher Marcel je t’ai toujours jugé assez noble pour te réjouir de mon bonheur et je ne te ferai pas l’injure de te dire ce qui n’est pas. En effet chaque jour me prouve que j’ai eu raison, et que ma vie correspondante au travail de Jean aurrait dérangée une vie d’affaires »… [14 février]. «Les répétitions battent le plein. Jean est heureux de tous les efforts de chaquun »… 6 mars. « Voici mon 22ème printemps fini j’aurais aimé le finir avec toi mais hélas je ne savais même mon âge »… Il dessine en pleine page, à la plume et au crayon bleu, le « Costume du messager dans La Machine Infernale (Œdipe) de Jean Cocteau : costume de Christian Bérard », et ajoute : « La pièce est reculée pour après les fêtes. Le dessin est de moi, représentant le costume que j’aurai dans le messager. Car je n’ai plus de rôle du soldat, le directeur Louis Jouvet a préféré me donner le messager, et je garde le doubbing du premier »… – En caserne, le soir, il répète son rôle… Dimanche. « Jean a fini sa cure, il a souffert évidamment comme un dément pendant 5-6 jours, mais maintenant il est étonnant, il va à ses répétitions toutes les après-midi, où il travaille formidablement, je crois qu’ils font des merveilles, nous avons eu Christian Bérard pendant une huitaine ici, il nous avait mis dans cette maison le plus beau taudis du monde […], mais il est adorable quand même »… Secteur postal 42 [décembre 1939] : « rien de bien neuf, l’abrutissement complet, de la pluie, de la boue, du froid, pas de pinard, pas de permissions, la vrai misère quoi. Et combien de temps ça va durer. Mystère sur toute la ligne »… Etc.
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