Roger PEYREFITTE (1907-2000). 2 L.A.S. « R »,... - Lot 141 - Ader

Lot 141
Aller au lot
Estimation :
400 - 500 EUR
Résultats avec frais
Résultat : 832EUR
Roger PEYREFITTE (1907-2000). 2 L.A.S. « R »,... - Lot 141 - Ader
Roger PEYREFITTE (1907-2000). 2 L.A.S. « R », Alet novembre et fin 1940, à son ami Henry de Montherlant ; 4 et 2 pages in-4 remplies d’une petite écriture serrée à l’encre verte (la 2e avec 2 coupures de presse collées en tête). Longues lettres après sa démission forcée de la diplomatie pour une affaire de mœurs. 4 novembre. La lettre de Montherlant le tire de peine, mais il ne sait que penser du silence d’Henry H. [Houssaye (1912-1970), dit le « Chevalier »]. Il plaisante à propos des contrôles postaux, et du Cabinet Noir du temps de Voltaire... Comme son ami le souhaitait, il a commencé « le projet d’écrire quelque chose sur les années adorables dont le regret nous poursuit. Je vous ai, à l’occasion, donné un aperçu de ce qu’elles avaient été pour moi, mais que d’autres choses, que de romans elles ont été ! Vous, sans doute, vous avez eu la chance de faire infiniment plus »... Ayant « perdu de mes préventions contre moi-même », et encouragé à faire quelque chose de ces « histoires charmantes », il a démarré, « mais quelle difficulté que la composition littéraire ! Je suis soutenu par vous, tel que vous êtes, et par moi, tel que j’étais [...] Sans rire, je suis étonné de ce que j’écrivais alors, de la justesse et de la finesse de mes observations, de mes lettres et mes devoirs de collégien »... Il a encore une dernière chance : « je désirerai ne pas avoir à me dire [...] que je pouvais tenter de rester sur la galère, où, du moins, je voguais assez sûrement et sans remuer beaucoup la rame (contrepartie : maigre “paye”, et, malgré tout, privation relative de liberté). Me conseillez-vous donc d’écrire, à tel de mes chefs, une longue épître, vous diriez dans quel sens, et sur l’encouragement des changements de plusieurs survenus à V[ichy] ? Mais là consiste à reconnaître, et par une découverte à plus ou moins brève échéance, mes dégoûts d’avance. J’en fais aussi une question de dignité »... – Il parle de Vigneau [son éditeur] : « il ne lui a été dit quoi que ce fût ni sur vous, ni sur personne, et sur moi, que ce que je lui ai dit de l’affaire, pour qu’il s’en occupât à l’occasion ». Et d’ailleurs pour lui, « la “chose” n’existe pas : c’est un écart, que des esprits curieux se permettent »... Il a demandé à Vigneau de remettre son dernier message à M. de Robien, directeur du personnel au Quai : « c’est avec lui que j’étais resté dans ce paradis de Tournon. (Avouez qu’il y a eu de la fatalité que l’homme qui ait été mon plus ferme appui, qui avait pulvérisé sciemment l’histoire d’Athènes, – ait manqué à cette fatale journée d’octobre dernier.) Je voulais saisir donc cette ultime occasion, avant son départ qui me privera du seul ami qui me restât entre mes chefs »... Revenant par la pensée à Vichy, « ville qui aura compté dans ma vie », il recommande un itinéraire depuis son hôtel du boulevard de Russie, jusqu’à un bazar, où il l’invite à entrer sous prétexte d’un achat quelconque pour y voir un curieux « objet dont j’aurais payé l’acquisition (ou la tentative d’acquisition) du prix de mes études, et de mes espérances. […] nous nous tuons pour des êtres qui n’en valent pas la peine. C’était, tout simplement, une “occasion”, en style du lieu. Il ne vous restera qu’à immoler au Styx la brebis noire, dévouée à Pluton […] L’évocation de tous ces souvenirs, que vous allez côtoyer, me remplit d’une sorte de douceur, ma foi. Ô ressources du cœur humain, et bienfait du temps ! »...
Mes ordres d'achat
Informations sur la vente
Conditions de vente
Retourner au catalogue