Edy LEGRAND (1892-1970). 54 L.A.S., 1951-1970,... - Lot 17 - Ader

Lot 17
Aller au lot
Estimation :
700 - 800 EUR
Résultats avec frais
Résultat : 1 664EUR
Edy LEGRAND (1892-1970). 54 L.A.S., 1951-1970,... - Lot 17 - Ader
Edy LEGRAND (1892-1970). 54 L.A.S., 1951-1970, à Jean Collin (avec quelques minutes de réponse) ; environ 120 pages formats divers, plusieurs à son en-tête ou Les Éditions du trente-cinquième parallèle, quelques-unes illustrées de photos de ses œuvres, nombreuses enveloppes. Belle correspondance à un admirateur et client, rapidement devenu un ami et confident. Les lettres sont écrites de Rabat, Assa (confins de Mauritanie), Ifrane (Haut Atlas), Goulimine (Maroc), puis de Paris, Lourmarin (Vaucluse) ou New York… Elle s’ouvre par une réponse à une demande de dessins ; Legrand termine alors l’illustration de romans de Malraux : « J’y suis bien loin de la Bible, mais, presque toujours, en Orient tout de même – comme ici – ; et la confrontation des antinomies Orient-Occident y est étudiée d’une façon saisissante et combien actuelle ! Car le problème de l’Orient tout entier est d’autant plus brûlant que la pensée de l’Occident est plus défaillante, et y peut mordre moins. C’est notre absence, là-bas, en esprit ; non point en canons ou en machines ! – qui est la cause du drame actuel » (18 avril 1951)… Il fait des dessins d’Afrique du Nord pour les éditions Odé, voyage dans le sud du Maroc, se trouve très pris par « un petit Lafayette pour l’Amérique, après cette Arabie déserte de Daughty », et projette un voyage de travail en Grèce… Ses vœux en 1953 sont illustrés d’une photo de lui-même, palette à la main et chameau aux pieds… Il évoque des projets d’expositions abandonnés, la perte de ses ateliers, des ennuis de santé, ses droits d’auteur bafoués… « La France et le monde souffrent, et le temps des artistes, désintéressés et poursuivant leur idée en silence, est révolu » (22 mai 1954)… Doléances concernant la Bible éditée par Maurice Robert… Commentaires sur les affaires du Maroc… Il reçoit une commande du gouvernement marocain, puis annonce, le 24 décembre 1956, son départ du pays : il s’est réfugié dans le Vaucluse… Plaintes concernant les soucis que lui cause sa mère ; « la sérénité, le calme, l’esprit de suite que nécessite le long effort pour amener son œuvre à la lumière, sont autant de composantes, pourtant primordiales, que l’on ne peut que rêver d’atteindre » (jeudi [14 novembre 1957])... Nouvelles de ses illustrations, de sa peinture, de ses expositions, de son moral… Il prépare des exemplaires spéciaux pour Collin… Un croquis d’un exemplaire fastueusement relié des Fleurs du mal orne une lettre de décembre 1957… « Enfin, on a bien voulu considérer que j’étais un peintre qui faisait de l’illustration (terme honni, paraît-il) mais non pas un illustrateur qui faisait de la peinture… Pourtant, peintre ou pas peintre, l’illustration est un moyen d’exprimer sa poésie, son esprit d’invention, son goût du mythe et des grandes œuvres de l’esprit ; c’est donc un art nécessaire, et, selon moi, d’autant plus haï par les impuissants de l’art, qu’ils ne peuvent pas y prétendre : chacun peut barbouiller, mais chacun ne peut illustrer Dante ou la Bible ! » (17 décembre 1958)… Un temps, il trouve la solution à ses difficultés financières en Amérique, mais elle ne fut pas pérenne. « Vous savez, par ouï-dire, la situation des arts en France. À part quelques batteleurs, qui vendent n’importe quoi – et qui ne sont pas de véritables artistes – les autres végètent : le marché américain (qui faisait vivre entièrement les arts à Paris) est définitivement fermé » (10 septembre 1966)… Il vient de perdre Albertine, dont l’affection fit d’elle sa véritable mère. « Car, si j’ai eu une “mère”, dans mon enfance, l’être qui m’a donné le jour s’est vite égaré dans la futilité des sentiments, et fut d’une telle incompréhension à mon égard – mon père fut pire encore – que je me considérais, à l’âge d’homme, comme orphelin ». Il l’a enterrée à Lourmarin, non loin d’Albert Camus dont il illustrait l’œuvre pour Saurel jusqu’à ce que Gallimard y prétende, l’excluant peut-être : « Vie difficile que celle de l’artiste non engagé… dans les affreuses combines de la chimie sociale d’aujourd’hui, et qui voulut rester libre, et non classé dans un groupe »…Il est aussi question d’illustrations pour les Fioretti, Les Frères Karamazof, des œuvres de Camus et de Pierre Benoit... Etc. On joint un catalogue d’exposition, et quelques L.A.S. de sa femme Myriam.
Mes ordres d'achat
Informations sur la vente
Conditions de vente
Retourner au catalogue