Maurice ESTÈVE (1904-2001). 58 L.A.S., Paris... - Lot 18 - Ader

Lot 18
Aller au lot
Estimation :
1500 - 2000 EUR
Maurice ESTÈVE (1904-2001). 58 L.A.S., Paris... - Lot 18 - Ader
Maurice ESTÈVE (1904-2001). 58 L.A.S., Paris et Culan 1972-1985, à Mme Suzanne Studin ; 70 pages in-4 ou in-8, enveloppes. Importante correspondance amicale, avec une Parisienne, qui s’occupe de sa mère à laquelle elle apporte affection et réconfort, ce dont Estève ne cesse de la remercier. Madame Estève décède en mai 1974, et à partir de cette date, l’échange de lettres se fait plus rare. Il est surtout question de la santé de sa mère, auprès de laquelle il regrette de n’être pas plus présent, « prisonnier d’un travail harassant ». Il va cependant au cinéma, voir en janvier 1973 Le Charme discret de la Bourgeoisie de Buñuel, qui le déçoit et lui inspire une réflexion sur l’utilisation de la couleur par les cinéastes. Il passe ses étés à Culan, essayant de travailler dans son atelier, « submergé par les projets d’expositions pour lesquelles j’ai si peu de goût ! Mais comme me disait naguère l’ami Laurens, le grand sculpteur : “Il faut exposer, Estève, car il faut bien aider les… marchands !” ». Il promet une aquarelle, mais il est débordé : « N’ayant pas de talent, il me faut travailler beaucoup pour obtenir le moindre résultat. Et pour travailler il faut du temps. Et comme je ne suis pas aidé, comme Dubuffet, par une usine d’artisans et vingt secrétaires, mes nuits de repos sont brèves… » Est-il victime de sa « passion-création ? Certainement, mais victime heureuse et volontaire. Mais du “Moi y en a vouloir des sous”…nullement » ; cependant les marchands réclament, et l’artiste n’a pas le droit de les abandonner. Il « pousse » des lithographies, « travail exténuant pour moi sans le brouhaha des ateliers ». En avril 1973, sa mère souhaite voir son exposition d’aquarelles à la galerie Claude Bernard. Il expose ensuite à Zurich, et en septembre prépare des papiers collés sur lesquels il « sèche ». En février 1974, il doit « lâcher la peinture (à l’huile) » pour se consacrer aux affiches et lithographies. Une exposition est prévue à Brême, une autre de papiers collés à la galerie Claude Bernard en avril. Mais l’état de santé de sa mère se dégrade brusquement, et elle meurt le 22 mai 1974. Les courriers s’espacent : il envoie des livres, adresse ses vœux au moment des fêtes. Lors de l’anniversaire de la mort de sa mère, en mai 1975, il fait quelques confidences : fils unique, il n’a jamais eu le culte de la famille ; « Il y a bien eu une cousine, qui me mit dans le plus passionnel des émois…Mais, j’avais 17 ans et ce n’était pas la famille qui en elle me réchauffait le cœur et… la chair… Passons, passons »…Il regrette que ses tapisseries soient exposées trop rapprochées aux Arts décoratifs. Il donne tout son temps à la peinture (Paris 18 juin 1976) « le reste m’assommant – les amies et les petites amies exceptées. (C’est dur, chère amie, de vieillir avec un cœur jeune !...) » ; il fait avec humour un tableau de son état : sa calvitie, son ventre qui « ne rentre pas dans le rang », les difficultés de son travail : « Mon génie (de la Bastille) prenant des vacances au bord des Océans après en avoir pris sur les cimes neigeuses de l’hiver en attendant d’en prendre de nouvelles, celles des transhumances de l’été, de sortes qu’il m’abandonne à peu près toute l’année ». En juillet 77, il écrit qu’au mois de mai, à Culan, l’Arnon « (cette si jolie rivière, cette hypocrite, cette gourgandine) subitement possédée par une furieuse crise d’érotisme, a quitté son lit pour déposer des caresses sur le mien ! »… Les dernières lettres sont emplies de reconnaissance pour celle qui « a tant apporté d’affection à ma petite mère »…
Mes ordres d'achat
Informations sur la vente
Conditions de vente
Retourner au catalogue