Valentine HUGO (1890-1968). Manuscrit autographe... - Lot 21 - Ader

Lot 21
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Valentine HUGO (1890-1968). Manuscrit autographe... - Lot 21 - Ader
Valentine HUGO (1890-1968). Manuscrit autographe signé, Il y a trente ans, novembre 1953 ; 36 pages in-4 sur papier bleu fin. Émouvants souvenirs sur Raymond Radiguet. Cet article parut dans La Parisienne, en décembre 1953, à l’occasion du trentième anniversaire de la mort de Radiguet. Le manuscrit porte quelques corrections, et a servi pour l’impression. Elle ouvre son texte par trois citations de Radiguet sur la mort, et elle se remémore cette année 1923, si bien commencée avec la parution du Diable au Corps en mars. Dès octobre 1922, Radiguet lui annonçait la parution de ce livre et l’achèvement du nouveau [Le Bal du Comte d’Orgel] : « Si vous saviez comme c’est amusant d’écrire des romans, beaucoup plus que de les lire. Celui que je vais vous rapporter aura quatre cent pages, il ne lui en manque plus que trente ». Pendant quatre ans, il « avait été notre ami, notre jeune frère » ; elle le revoit, dormant chez eux, « à la fin des longues soirées passées chez les uns et les autres, ou au Bœuf sur le Toit ». Jean Hugo décrit ainsi le jeune homme de 16 ans rencontré le 8 juin 1919, lors de la lecture de poèmes d’Apollinaire. : « il avait les cheveux trop longs, une grande bouche dédaigneuse. Il avait l’air d’un hindou frileux. Il n’avait pas cette affectation de dandy, (cheveux bien coiffés, nœuds papillons, et monocle) qu’il devait garder jusqu’à la fin. » Il est maintenant plus grand et plus fort, mais ses expressions n’ont pas changé : « Son regard qui pouvait être si enfantin et rieur dans la détente du matin, était le plus souvent grave et hautain ; il devenait quelquefois, le soir, le regard d’un homme qui a vécu toute une vie en sept ans, fatigué, désabusé, quelquefois féroce. Le matin, l’enfant réapparaissait ». Après les plaisanteries naïves, venaient des paroles plus lourdes : « Nul n’était épargné dans ces terribles jugements d’adolescent. Et puis, tout à coup, éclairant ce visage sévère, un grand rire très franc, plein de dents éclatantes, un regard d’eau trouble ensoleillée, une détente de jeune animal qui s’ébrouer enfin, ramenait entre nous le calme abandon, la pureté reposante d’un contact fraternel et innocent. [..] Nous l’aimions et l’admirions beaucoup et nous approuvions absolument notre ami Jean Cocteau de lui donner “pendant sa vie”, “la place illustre que lui vaudrait sa mort” ». Elle cite ses lettres, notamment l’une écrite de Londres où il séjourne avec Cocteau. Elle évoque ces soirées d’avril 1923, où ils firent parler « un petit guéridon noir à fleurs et dorures ». Participent à ces séances les deux Hugo, Cocteau, Radiguet, Georges Auric, et Paul Morand qui écoute les réponses terrifiantes : « Je suis la mort », dit la table à Cocteau. En mai 1923, Radiguet obtient le Prix du Nouveau Monde et ils reprennent tous ensemble leur vie trépidante. « Jean Cocteau, Darius Milhaud, quelques rares amis et nous, étions les seuls à nous émouvoir de certains signes inquiétants ». L’été au Piquey se passe « dans un enchantement certain, un malaise planait cependant, un malaise inexprimable, à la fois physique et moral ». Radiguet corrige les épreuves du Bal du Comte d’Orgel, Auric joue du piano. Il se quittent le 13 septembre sans savoir que c’est la dernière fois qu’ils s’embrassent. Rentrée au mas de Fourques, Valentine ressent les symptômes d’une fièvre qui se révèlera être la typhoïde qui provoquera une péritonite, dont elle est opérée le 10 décembre. C’est là qu’elle apprend que Radiguet, souffrant de la même fièvre, a été transporté dans une clinique dans un état désespéré. Un télégramme de Darius Milhaud annonce sa mort le 12 décembre. C’est partout le désespoir. Les derniers mots de Radiguet : « J’ai peur… dans deux jours, je serai fusillé par les soldats de Dieu »… Gabrielle Chanel s’est chargée des frais de santé, Misia Sert des frais des obsèques, et Jean Cocteau écrit à Valentine : « Pardonnez-moi. J’essaye, pour maman, de ne pas mourir, c’est tout »… Elle se désole qu’il soit mort seul, sans une présence amie : « Ce dernier don du poète manque cruellement au souvenir de l’enfant génial né dans le feu, mort dans la glace »…
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