Paul ÉLUARD (1895-1952). Manuscrit autographe ;... - Lot 181 - Ader

Lot 181
Aller au lot
Estimation :
1500 - 2000 EUR
Paul ÉLUARD (1895-1952). Manuscrit autographe ;... - Lot 181 - Ader
Paul ÉLUARD (1895-1952). Manuscrit autographe ; 12 pages in-4, au crayon et à l’encre noire. Conférence sur la poésie surréaliste. Le manuscrit présente de nombreuses ratures et corrections. Éluard veut démontrer que les poètes sont maintenant « profondément enfoncés dans la vie des autres hommes, dans la vie commune ». La poésie « s’applique, depuis toujours […] à refuser de servir un ordre qui n’est pas le sien. […] Poésie pure ? La force de la poésie purifiera les hommes, tous les hommes ». L’imagination « ne ment jamais […] Le poète est celui qui inspire bien plus que celui qui est inspiré […] Tout est au poète objet à sensations, et par conséquent à sentiments. Tout le concret devient alors l’aliment de son imagination » La poésie surréaliste s’exprime par des mots, mais aussi par la peinture : « les peintres surréalistes, qui sont des poètes, pensent toujours à autre chose. L’insolite leur est familier, la préméditation inconnue. ». Ils joignent l’imagination à la nature, considérant « tout ce qui est possible comme réel, pour nous montrer qu’il n’y a pas de dualisme entre l’imagination et la réalité « Ceux qui ne comprennent pas la poésie surréaliste, écrite ou peinte, et s’indignent, « sont les mêmes que ceux qui torturaient Galilée, brûlaient les livres de Swift et de Rousseau »…Il s’attarde longuement sur le marquis de Sade « qui a voulu redonner à l’homme civilisé la force de ses instincts primitifs, et a voulu délivrer l’imagination amoureuse de ses propres objets. Il a cru que, de là, et de là seulement, naîtrait l’égalité ». Et Sade, « justifiant les hommes qui portent la singularité dans les choses de l’amour, s’élève contre tous ceux qui ne le reconnaissent indispensable que pour perpétuer leur sale race. […] C’est son parfait pessimisme qui lui donne la plus froide raison. La poésie surréaliste, la poésie de toujours, n’a jamais obtenu rien d’autre. Ce sont des vérités sombres qui apparaissent dans l’œuvre des vrais poètes, mais ce sont des vérités et presque tout le reste est mensonge ». Sade et Lautréamont, « ces deux écrivains fantastiques et révolutionnaires » dont on ne possède aucun portrait, ont mené la lutte « contre tous les pièges que nous tend cette fausse réalité besogneuse qui abaisse l’homme. À la formule : “Vous êtes ce que vous êtes” ils ont ajouté : “Vous pouvez être autre chose.” ». Pour Éluard, « le surréalisme, qui est un instrument de connaissance, d’acquisition […] travaille à réduire les différences qui existent entre les hommes, et pour cela, il refuse de servir un ordre absurde basé sur l’inégalité, sur la duperie, sur la lâcheté ». Du surréalisme au communisme, il n’y a qu’un pas : avec Max Ernst, son ennemi en 1917, devenu son ami en 1925, il soutient « le mot d’ordre de fraternisation du parti communiste français » et lutte « contre notre ennemi commun, l’Internationale du profit. […] Les poètes dignes de ce nom, comme les prolétaires, refusent d’être exploités. […] La poésie véritable est incluse dans tout ce qui affranchit l’homme de ce bien épouvantable qui a le visage de la mort ». La poésie est partout, dans l’œuvre de Sade, de Picasso, de Rimbaud ou de Freud, dans l’invention de la radio, dans les grèves et les révolutions. Les poètes sont allés « dans les rues, ils ont insulté leurs maîtres, ils n’ont plus de dieux, ils osent embrasser la beauté et l’amour sur la bouche, ils ont appris les chants de révolte de la foule malheureuse et, sans se rebuter, essaient de leur apprendre les leurs »…
Mes ordres d'achat
Informations sur la vente
Conditions de vente
Retourner au catalogue