Cosima WAGNER. 3 L.A.S. « Cosi » (la dernière... - Lot 101 - Ader

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Cosima WAGNER. 3 L.A.S. « Cosi » (la dernière... - Lot 101 - Ader
Cosima WAGNER. 3 L.A.S. « Cosi » (la dernière d’un paraphe), Weimar et Berlin [février-décembre 1861], à son « cher Clairon » [sa demi-sœur Claire de Charnacé] ; 4 pages in-8 chaque remplies d’une petite écriture, une enveloppe. Très belles lettres sur les représentations parisiennes de Tannhäuser de Wagner, et sur sa fille Daniela von Bülow. [Weimar 25 février]. Elle explique son silence par sa mauvaise santé : « ma faiblesse est assez considérable pour me faire regarder comme un événement tout billet que je barbouille, à la grâce du temps, du climat, des scies et des croix, je ne désespère pas de guérir quand je m’en soucierai le moins. Je m’adresse des reproches très graves au sujet de maman à laquelle je n’ai pas écrit non plus […] Le Baronnet [Bülow] est à Paris pour pousser le Tannhäuser son vieil ami de 13 ans ; vous ouïrez une autre exécution de cette œuvre révolutionnaire que celle de Berlin ; car le Baronnet m’écrit que tout est magnifique, solistes, chœurs, orchestre ; joignez à cela que le maëstro [Wagner] a retravaillé la Vénus, que les décors sont en harmonie avec le reste, et que les costumes sont splendides, et je ne vois pas que vous ayez lieu d’être mécontente de l’expression que Badinguet donne à la protection qu’il accorde à un illustre étranger. Ah si nos monarques (tous les 35 ensemble) faisait l’équivalent ! »… Elle raille la vie politique prussienne : la Chambre « C’est un peu la cour du roi Pétaud et à force de s’expliquer on ne s’entend plus du tout. […]En haut, on ne sait trop sur quel pied danser, le roi proteste de sa non-démocratie et lutte contre les hobereaux, ceux-ci furieux jurent de se venger sur le parti libéral, les Juifs toujours plus nombreux et plus puissants se faufilent partout et glissent sur les insultes pour améliorer leur situation et avancer les affaires, le bourgeois ne conçoit trop rien à tout cela mais reste passif, et la démocratie se demande si elle a à se faire gouvernementale ; ministérielle, ou à continuer son opposition comme sous le feu roi. C’est donc une anarchie complète, ou plutôt un entier méli-mélo, d’où sortira suivant ma conviction un meilleur ordre de choses ; l’état bureaucratique et quelque peu féodal cédera devant des institutions plus libérales et n’en déplaise à mon Baronnet rouge, la Prusse a beaucoup d’avenir »…. Elle évoque le monument de Luther par le scupteur Rietschel, qui vient de mourir ; son propre article dans la Revue germanique à propos de Frédéric-Guillaume IV… « Maman me dit dans sa dernière lettre qu’elle compte se réinstaller à Paris ; je vous avoue que j’en suis charmée ; je crois qu’elle a besoin de distractions et du mouvement intellectuel, tel qu’il ne se trouve que dans ce grand centre de l’impossible, du détestable, et de l’extraordinaire, et maintenant qu’elle est remise je me figure qu’un peu du monde qu’il lui est aisé de voir la maintiendra in good spirits »… [Berlin vers le 26 mars]. Elle est en plein déménagement et donne sa nouvelle adresse : « Schönebergerstrasse 10. […] le seul avantage que je retire de mon futur établissement c’est une diminution de frais et un meilleur emplacement pour le marmot [Daniela, née le 12 octobre 1860] qui demande à exister sinon encore à vivre. Quelle honte que cette troisième représentation de Paris [Tannhäuser de Wagner], et l’équité de la ville ne se soulève-t-elle pas contre cet acharnement inconcevable et brutal ; le respect pour la pensée pour l’art, pour le poëte et la poësie a-t-il disparu totalement, et n’est-on plus en droit d’attendre une réaction. Le Jockey Club est-il l’organe de la société parisienne ; une conduite de polissons est-elle la seule réponse à la parole de l’artiste qui n’amuse point ; ces sifflets qui s’adressent non à une œuvre mais à une idée ; non à un homme et à une tendance, mais à tout un ordre de choses, ces sifflets sont-ils la voix de ce grand Paris qui a conçu, engendré, réussi et adopté tant de magnificences ? J’apprends à l’instant que les costumes du Tannhäuser vont être mis au service de Robert [Robert le Diable de Meyerbeer] c’est bien la clôture de cette tragédie dérisoire, et vive Israël ! Un de ses enfants a beau être mis à la conciergerie [le banquier Mirès] il s’en trouve toujours assez pour le venger et triompher. Vive l’art à lingots, vive l’enthousiasme payé, les succès de réclame, et les convictions de claque, vive les concessions et les parjures, vive l’abaissement et la gloriole, vive la musique et la guinguette, vive le drame et les filles, vive le carnaval et la honte. Et ne croyez pas que je méconnaisse de Meyerbeer l’immense talent qui effleure le génie, mais où nous a-t-il mené avec des manigances indignes de lui, ce Louis-Philippe de l’art ? Au servage de l’artiste, et sous quel seigneur ? Sous ce public dont l’imbécillité constante prend toutes les formes comme Protée et toutes les nuances comme le caméléon. C’est un beau spectacle que Paris vient de donner au monde, que celui du rire et de l’insulte pr
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