Cosima WAGNER. 3 L.A.S. « Cosima », [Berlin... - Lot 104 - Ader

Lot 104
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Cosima WAGNER. 3 L.A.S. « Cosima », [Berlin... - Lot 104 - Ader
Cosima WAGNER. 3 L.A.S. « Cosima », [Berlin et Munich 1864-1867], à sa demi-sœur Claire de Charnacé ; 4 pages in-8 chaque. Belles et longues lettres sur la politique, la musique, leur mère Marie d’Agoult, la visite de son père Liszt (qui voulait la convaincre de repousser sa séparation d’avec Bülow). [Berlin 4 janvier 1864]. « On n’est trahi que par soi, je m’en aperçois bien mon Clairon chéri, en relisant votre lettre dont la date prouve que j’ai été un grand mois sans vous écrire ; ce décembre chaud, pluvieux, insensé m’a coulé entre les doigts, fêtes de Noël, voyage à Dresde, voyage en Silésie, avec leurs accompagnements de courses, de toilettes et autres emplettes, voilà ce qui a éparpillé mon temps […] Que je suis triste pour vous ma chérie de l’état de santé de votre père, d’après ce que vous me dites je crois deviner que c’est l’affaiblissement mental qui vous attriste ainsi ; hélas ! l’esprit s’effeuille comme l’arbre, il se dépouille avant de s’endormir, triste spectacle, désolant spectacle, même chez ceux qui ne nous touchent pas de près, vue accablante chez ceux que nous aimons ! Mais vous avez raison de continuer de vivre, aussi bien on n’appartient jamais à sa douleur comme qu’on fasse, à moins qu’on ne s’enferme seul au haut d’une tour comme les stylites d’autrefois, ou les saints bouddhistes leurs prédécesseurs, mieux vaut donc se jeter résolument dans le courant qui bon gré mal gré nous entraîne. […] Quel galimatias que la politique européenne ! […] Je vous accorde tout ce que vous voudrez quant à la France, mais si vous suiviez les affaires d’Allemagne vous m’avoueriez que vous êtes dans l’Eldorado ; chez vous les choses sont en mauvais état, chez nous c’est la race qui est avariée ; il semble que l’Allemagne soit prédestinée à subsister dans la désorganisation et le désarroi, et que la métaphysique et la musique aient absorbé toutes ses forces vitales ». Elle parle enfin des Troyens de Berlioz et des Joyeuses Commères de Windsor « charmant opéra-comique de Nicolaï, musicien distingué, mort dans la misère il y a une quinzaine d’années. Il ne me manquait pour être enchantée, que d’aimer la musique comique ; mais ce n’est pas le risible qui manque à la vie, c’est le sublime, or je demande à l’art d’y suppléer, je ne veux pas qu’il m’amuse, (les hommes s’en acquittent) je veux qu’il me transporte et fasse vibrer une corde qui est trop souvent à ne rien faire en moi »…. [Munich] 31 mai 1867. « Et moi aussi je crois à la société et au dévouement ma chère Claire, et en entendant votre voix je sens ma croyance devenir exactitude ! Je ne saurais vous dire quel bien m’a fait votre lettre ; d’abord elle venait de vous et elle était digne de vous telle que je vous aime et vous admire depuis que je vous connais […] Pour ce qui est de maman vous m’avez beaucoup rassurée ; la pensée que vous vous occupez de ses affaires, que vous êtes dans son voisinage, et la nouvelle que Mr de Flavigny voulait gérer le restant de sa fortune, me sont une vraie consolation. Quant à la ruine nous l’avions prévue ; je me souviens toujours d’une conversation que nous eûmes ensemble il y a de cela plusieurs années, où nous en arrivâmes à la conclusion que tôt ou tard maman se trouverait réduite au strict nécessaire. Je vous avouerai que j’en veux un peu à maman, ou pour mieux parler, que je suis affligée qu’elle n’ait jugé à propos de me confier le déplorable état de ses affaires qu’au dernier moment et en des termes si vagues, si confus, si exagérés, que je n’ai pu lui répondre qu’avec la plus grande réserve. Hier elle m’écrit que sa fortune est en effet perdue, je m’en tiens à ce que vous me dites ma chère Claire, et c’est déjà assez triste. Si les facultés cérébrales se retrouvent intactes après ce choc terrible je me plais à croire que ce changement de vie la jettera au plus fort dans les travaux littéraires et peut-être ce qui nous apparaît comme un grand ébranlement, sera-t-il appelé à former la base d’une nouvelle existence plus sérieuse, plus forte, plus vraie. Mais je ne dis cela qu’à vous, en ce moment une pareille espérance pourrait sembler sacrilège à maman. Lorsque j’ai lu sa lettre, je n’ai eu qu’une pensée : où est Claire ? Maintenant que je vous sais auprès d’elle il me semble que tout est bien »… Elle est à Munich « depuis 6 semaines, mon mari [Hans von Bülow] est maître de chapelle et il est chargé d’organiser l’école de musique dont il sera le directeur. C’est un grand triomphe vu l’opposition qui s’était formée, et qui provenant du côté obscur s’était servi de toutes les armes. Nous n’en jouissons guère parce que tous les succès du monde ne peuvent égayer le regard que nous avons été à même de jeter dans les plus basses turpitudes humaines. Ce qui tient à flot, c’est le travail, la malédiction et la bénédiction de l’homme. Or nous avons de la besogne jusque par-dessus les yeux »…. [Munich 29 octobre]. Elle déplore les problèmes de Claire avec son mari, qui lui fait un procès :
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