Alexej von JAWLENSKY (1864-1941) - Lot 14

Lot 14
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Alexej von JAWLENSKY (1864-1941) - Lot 14
Alexej von JAWLENSKY (1864-1941) Juif en prière, 1891 Huile sur toile avec au dos inscriptions, signature, date et annotations. 87 x 68 cm Dans un cadre baguette en bois doré. Certificat d’authenticité délivré le 20 mai 2021 par la Fondation Jawlensky-Archiv. SA. Provenance : Collection du Docteur Leifer par descendance. Perdue pendant plus d’une centaine d’années, cette œuvre d’Alexej von Jawlensky restait connue grâce à deux photos d’archives largement publiées dans les ouvrages de référence. On y voit Alexej von Jawlensky, assis dans un atelier, devant cette toile en cours d’accomplissement avec son amie Marianne Werefkin debout à ses côtés. Dans ces photographies, datées dans les archives vers 1893, le tableau y est largement reconnaissable. Or, jusqu’en 2020 il était encore inconnu et non localisé. Alors que l’influence du Maître russe Ilia Repine plane sur les jeunes années d’un Jawlensky dévoré par l’envie de peindre, la découverte de ce tableau conservé dans une collection particulière bayonnaise pendant près de 80 ans met en relief la trajectoire européenne de ce Révolutionnaire de la couleur. Issu d’une famille de l’aristocratie militaire russe, Jawlensky s’oriente naturellement vers cette carrière. Il en gravit les échelons avec succès mais au fond de lui l’envie de peindre se fait de plus en plus forte à mesure qu’il gagne en indépendance. Jawlensky pousse les portes des expositions, des ateliers et des différents cercles artistiques de Saint-Pétersbourg. Il rejoint l’atelier d’Ilia Repine, prestigieux maître de la peinture russe de la fin du XIXe siècle. Son enthousiasme pour la création et son talent le font rapidement remarquer. Repine lui présente alors Marianne Werefkin. Jeune femme de caractère, de quelques années son aînée, elle est l’élève préférée du grand maître. Une profonde complicité nait entre les deux jeunes artistes. Marianne Werefkin l’incite à peindre toujours, partout. Issue d’une famille aisée, elle, emmène le jeune Alexej avec elle, dans ses cours, dans son atelier, mais aussi à la campagne chez elle, pour s’exercer. À l’été 1893, au cours d’un séjour dans la « datcha » de Werefkin, les deux jeunes artistes se rendent dans les shtetl, les villages juifs au sud de Moscou. Jawlensky réalise alors une série de portraits de ces habitants et de vieux rabbins. Le tableau présenté ici, s’inscrit dans cette série. Le portrait est à cette période certainement l’un des genres les plus à la mode. Le format initial de la toile pouvait laisser présager d’un portrait en pied. Il est resté partiellement inachevé, comme la plupart des œuvres de Jawlensky de cette époque. La toile a été coupée en partie basse sans enlever aucune puissance à l’œuvre, mais permettant une circulation plus facile. La longue barbe, le talit sur les épaules et le livre esquissé dans les mains confirme l’identité de ce personnage. Si quelques reprises masquent notamment la flamme de la bougie, il n’en reste pas moins que le regard captivant du vieux juif en prière révèle tant la surprise d’un homme pris dans un moment d’introspection, que la vivacité d’un esprit. Ce regard lumineux contraste avec le poids des années et l’épaisseur de la veste et du châle de prière qui pèsent sur les épaules d’un vieillard, peut-être un rabbin, dont l’histoire du peuple raisonne avec la rudesse du climat et des temps hostiles. En quelques touches de couleurs, vert et mauve sur un camaïeu de brun, ce regard réveille le portrait et fait écho à la flamme de la bougie. Si le chemin est encore long vers l’expressionisme révolutionnaire des années 1900 de Münich et Murnau la vivacité de la touche tient encore à l’héritage de l’enseignement de Repine et Werefkin. La rupture par la couleur reste encore un cap à franchir. Au dos, la barre horizontale du châssis partage la toile en deux parties. La partie supérieure laisse encore apercevoir la trace d’une grande signature d’Alexej von Jawlensky. La partie inférieure dévoile de nombreuses informations : Prof. Ilja Repin (en latin), Vera Repina et Jurij Repin (en cyrillique, noms de l’épouse et du fils de Repine) puis Alexei Georgevitch Jawlensky / élève talentueux d’Ilya Repin et artiste connu à Paris. Cette œuvre a été créée vers l’année 1891 (en cyrillique). L’héritage de Repine est souligné par des mots qui sont probablement ceux de son fils Youri Repine. La renommée de Repine est alors bien plus importante que celle de Jawlensky, qui n’a pas encore produit la révolution expressionniste. Que ce soit de l’atelier d’Ilia par son fils Youri, ou directement par Jawlensky et Werefkin, la toile est probablement arrivée en Europe de l’Ouest et en France vers 1900. La tableau a été retrouvé à Bayonne dans la collection privée du Docteur Leifer. M
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