EMMANUEL DE LA VILLEON

Conférence ce jeudi 12 mai à 19h - Drouot Richelieu, salle 9
par M. Robert Peirce, galeriste et expert & Mme Isabelle Pitre, restauratrice de tableaux et maître artisan.


Emmanuel de la Villéon, un peintre impressionniste.

Issu d’une ancienne famille aristocratique bretonne, Emmanuel de la Villéon a consacré sa vie
à la peinture. En 1880, il quitte la Bretagne, pour Paris, s’inscrit à l’Ecole Julien, et s’initie
à la peinture de plein-air avec ses amis Alfred Roll et Emmanuel Damoye. Son mariage en
1892 lui permet de passer de longs séjours dans le chalet de son beau-père, Bel-Air, proche
d’Yverdon-les-Bains, en Suisse. Là, un vaste atelier lui permet de réaliser des grands panneaux
verticaux que lui inspirent les montagnes et vallées des alentours (voir en particulier notre
lot 10, Gorges de Noirvaux, très bel exemple d’un paysage de montagne). Egalement à partir
de 1892, il accède au château de son beau-frère, Pesselières, dans le Cher (voir nos lots 59
Rivière de Pesselières, 58 Le grand bassin à l’automne, mais aussi 40 Soleil couché, largement
inspiré de Pesselières)
Il achète une propriété à Salvar(d) dans la Nièvre en 1900, qu’il conserve jusqu’en 1936 – des
paysages bucoliques idéaux pour cet amoureux de la nature, avec de nombreux petits plans
d’eau, si précieux pour l’impressionniste qu’il est, à la recherche des sensations de la nature
et de la lumière (voir nos lots 29b et 37, pour l’étang d’en haut sous deux «habits» différents.
C’est aussi à Salvar qu’il regroupe sa famille qu’il aime tant, y produisant des chefs-d’oeuvre
comme notre lot 22 En Famille à Salvar, un des cinq tableaux de ce sujet et le seul avec les
quatre enfants jeunes au complet, ou le lot 48 Automne à Salvar, paysage bucolique animé
et vibrant de lumière.
Emmanuel de la Villéon aime voyager aussi. En 1889, en Hollande, en 1892 en Espagne. A
partir des années 1920, à Mayence en Allemagne (voir nos lots 46 Mayence et 47 le Rhin à
Mayence), à Grenoble, à Yonville (Somme), et en Normandie.
Des styles et un style
Largement inspiré par l’impressionnisme, Emmanuel de la Villéon s’intéresse aux différents
styles de son temps, mais reste indépendant. Le mot « impression » aurait pu être inventé
pour lui – voir la poule dans le lot 30 Moisson dans les Pataudes, ou encore les canards dans
le lot 20 Village des Beauchats, Une touche de pinceau et nous voilà avec l’impression, non,
la conviction de voir une poule, un canard. De la magie pure !
Les critiques contemporains parlent de justesse, de vérité et de sincérité de ses oeuvres, de
la « diaphanéité » de ses sous-bois. Les arbres sont le sujet principal de plus de la moitié de
ses paysages, confirmant son affection pour ces géants de la campagne. Ses paysages sont
animés par des villages cachés dans le creux des vallées, des promeneurs ou des enfants ou
des paysans.
Sa principale recherche est la lumière. Comment retranscrire son scintillement sur les eaux
d’un lac ou de la mer, ses rayons qui percent à travers les troncs d’arbres d’une forêt ou la
chaleur qui se dégage d’une plaine chauffée par le soleil estival ? Pour répondre à ce besoin
vital, il conserve la touche impressionniste. Ces touches de couleurs pures, juxtaposées
rapidement les unes à côté des autres, lui permettent de capter l’atmosphère d’un instant
furtif. (voir notre lot 6 Brume d’Automne, anticipant l’hiver, le lot 9b Harmonie d’Automne,
les couleurs chatoyantes de l’automne, le lot 18 Sous-Bois, aux couleurs éclatantes, ou encore
le lot 42 Coucher de soleil, tout de lumière mystérieuse).
Il adore les fleurs, les peint soit en bouquet, soit in situ, dans de magnifiques plates-bandes
ou arbres en fleur, et arrive à « faire circuler de l’air entre les pétales » (voir nos lots 45 Bouquet
jaune et 68 Bouquet des noces d’argent et le lot 15 Volubilis) .
Il aime aussi les paravents! (voir notre lot 38, un superbe paravent à deux panneaux).
Presque 90% de ses oeuvres sont des huiles, mais quand il s’attaque aux aquarelles et aux gouaches,
les résultats sont stupéfiants. (voir les lots 3 Bord de mer , 29 Bouquet au Pavot, 40 Soleil couché, )
Dès les années 1910, il utilise des petits panneaux en bois ou en carton, quelquefois des toiles,
format carte postale, appelés « fonds de boîte », pour y faire des études sur le vif. Tellement
expressifs, ce sont de véritables chefs-d’oeuvre (nous en présentons une dizaine).
Les paysages sous la neige sont pour lui une occasion unique de jouer avec brio sur les nuances
de bleu, de rose et de violet, que le soleil fait refléter sur les cristaux de glace (voir lot 66, Gelée
blanche, peint à Yonville en Picardie)
Fantaisie, Rêves et Légendes
Puisant dans les profondeurs de son âme bretonne et de son imagination très puissante, il
s’aventure à partir de 1910 dans des tableaux imaginaires - soit des tableaux dits « Fantaisie », soit
des tableaux dits de « Rêves et Légendes ». Ces tableaux, représentant in fine environ un huitième
de son oeuvre, ont reçu une réception extrêmement positive des critiques à leur apparition en
1911-1912 et, de nouveau, lors d’une rétrospective « Rêves et Légendes » en 1944. Ils sont de plus
en plus appréciés de nos jours. Nous proposons plusieurs lots dans cette veine, dont le lot 34 sur
le thème de Robardic le Pâtre, dont le lot 31 Conte Breton, plus générique.
Des Salons et expositions
Dès 1890, E. de la Villéon expose dans les différents salons (Salon des Indépendants, Société
Nationale des Beaux-Arts dit la Nationale, Union Libérale des Artistes Français, Salon d’Automne,
Salon des Tuileries) et galeries de Paris (Georges Petit, Durand-Ruel, La Boétie, Galerie Drouand
entre autres) et en province.
Reconnu par ses pairs, il devient associé de la Société Nationale des Beaux-Arts en 1902, et il en
est nommé sociétaire en 1940. Il est nommé sociétaire de la Société du salon d’Automne, dès son
inauguration en 1903, pour promouvoir l’impressionnisme.
Un musée lui est consacré à Fougères depuis 1983.
R.W Peirce

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