2 222 000 € POUR LA VENTE D'ART D'APRÈS-GUERRE ET CONTEMPORAIN


MISE À JOUR DU 14 DÉCEMBRE 2021
Le 14 décembre se tenait à Drouot la seconde vente annuelle de la Maison Ader dédiée à l'art d'après-guerre et contemporain. Des œuvres sur papier des années 40 à l'art contemporain, de la peinture figurative à l'Abstraction, la déambulation était éclectique et faisait honneur au foisonnement créatif de cette période. Maître Nordmann et Maître Dominique proposaient une sélection de 190 œuvres signées par des artistes aussi talentueux que recherché.

Le grand tableau de Murakami “An homage to Monogold 1960 A” qui faisait référence à l'œuvre d’Yves Klein, dont l'artiste japonais admirait la quête d’absolu et de perfection, à son tour a suscité l'admiration des enchérisseurs pour atteindre 192 000 €.

Alors que le Musée de l'Orangerie célèbre David Hockney, l'adjudication de la gouache de l'artiste britannique représentant Yves-Marie Hervé au prix de 179 200 €, multipliant par six son estimation basse, a elle aussi rendu hommage au travail de l'artiste.

L'ensemble de tableaux de Michel Macréau (1935-1995) réunis par le peintre israélien et ami de l’artiste David Azuz, a trouvé son public, totalisant près de 550 000 € d'adjudication pour la trentaine d'œuvres proposées aux enchères.
 
Enfin, un collage du Corbusier, rehaussé de gouache et d'encre au rendu très coloré et figurant des musiciens, réalisé en 1960, fut adjugé 89 600 € par la maison Ader.

UN TABLEAU DE MURAKAMI AUX ENCHÈRES 
La vente mettra à l'honneur un grand tableau de Murakami réalisé en 2012. An homage to Monogold 1960 A fait référence à l'œuvre d’Yves Klein, dont l'artiste japonais admirait la quête d’absolu et de perfection. Docteur en peinture Nihonga de l’Université des Arts de Tokyo, le travail de Takashi Murakami est marqué par l'association entre art traditionnel japonais – celui de l'estampe en particulier - et éléments de la culture populaire, tels que les mangas. Il leur emprunte leurs petits personnages dits «Kawaii » et leurs fleurs stylisées. Un monde frivole et léger voit le jour, où le motif sature la toile dans une répétition abstraite. 
De cet univers graphique inédit, Murakami fait double usage. D'abord, il s'investit de la mission d'effacer la frontière entre art d'élite et culture populaire en donnant naissance à l'esthétique Superflat en 2001. Ce courant évoque la planéité de l’art pictural japonais : qu'il s'agisse du dessin traditionnel ou des mangas, ce dernier ne connaît pas la perspective. Ensuite, s’appuyant sur ce mouvement, l'artiste s'emploie à dénoncer la vacuité de la culture consumériste japonaise de son époque.


Takashi MURAKAMI (né en 1962), An homage to Monogold, 1960 A, 2012
Acrylique et feuille d'or sur toile.
Signée et datée au dos.
78.5 x 56 cm
Provenance :
- Galerie Perrotin, Paris.
- Collection particulière, Suisse. Acquis auprès de cette dernière en 2012.
- Vente Sotheby's Paris, 6 juin 2017, n° 21.
Estimation : 150 000 € - 200 000 €



UN GOUACHE DE DAVID HOCKNEY
Alors que le Musée de l'Orangerie célèbre David Hockney, la vente mettra en lumière une belle gouache de l'artiste britannique représentant Yves-Marie Hervé. Hockney puise son inspiration dans son intimité, sa famille, ses amis. Dédicacée "Merry christmas. - Love from David H. 1979", l'œuvre est un portrait en pied de celui qui était son biographe et traducteur, et fut offert au père de ce dernier à la suite de son décès.


David HOCKNEY [américain] (né en 1937), Yves-Marie in Wicker Chair, 1979
Acrylique et gouache sur 3 feuilles de papier.
Signée, datée et annotée " Merry Christmas. - Love from David H. 1979 ".
83 x 35 cm
Provenance :
- Offert par l'artiste à Yves-Marie Hervé en 1979.
- Famille d'Yves-Marie Hervé.
L'œuvre est référencée dans les Archives David Hockney.
Estimation : 30 000 € - 50 000 €



DES AMÉRICAINS À PARIS 
Parmi les lots proposés, l'attention des collectionneurs se tournera vers les œuvres réalisées par de grands artistes américains. 
La vente met en lumière un dessin et une grande sérigraphie de Keith Haring (1958-1990). Inspiré par l'art du graffiti, c'est au début des années 80 que l'artiste commence à s’exprimer en dessinant à la craie blanche sur des panneaux publicitaires à fond noir. Le dessin proposé aux enchères par la maison Ader a été réalisé au feutre doré sur fond noir très tôt dans la carrière de l'artiste. Il est référencé dans les archives Keith Haring et daté de 1981. 
Le succès de Keith Haring est instantané : en 1982, une première exposition personnelle lui est consacrée. En 1985, année de réalisation de notre sérigraphie, Keith Haring est en pleine ascension internationale : il est appelé à participer à la Biennale de Paris et à un grand nombre d’expositions à travers le monde.


Keith HARING (1958-1990), Three Lithographs, 1985
Lithographie.
Signée, datée et numérotée sur 80 en bas sur la droite.
Éditions Schellmann, New York.
101,5 x 81 cm
Estimation : 20 000 - 30 000 €



Un dessin de Tom Wesselmann (1931-2004), figure majeure du Pop Art américain, viendra compléter la section américaine. Étude pour Proposed Nude souligne le rôle du dessin préparatoire dans le corpus de l'artiste : toutes les productions de Wesselmann s’appuient sur des esquisses. Il débute sa carrière dans la bande-dessinée, puis, en 1956, après avoir fréquenté Willem De Kooning, se tourne vers la peinture. 
Dès 1959, l'artiste réalise plusieurs séries de nus. Son sujet favori ? Le corps féminin. Les cheveux, les seins, la bouche et les poils pubiens, le corps est réduit à quelques essentiels dans cette étude. Il gomme la texture de la peau, efface les traits du visage, utilise une palette de couleurs réduite : Wesselmann dépersonnalise le corps de la femme, qui devient un objet sexuel anonyme au service de la publicité. 


Tom WESSELMANN (1931-2004), Étude pour Proposed Nude Edition, 1975
Mine de plomb, feutre et crayon gras sur papier calque.
Signée en haut à droite.
Numéro de l'artiste D7523 dans la marge en bas à gauche.
7 x 12 cm (sujet)
Cette œuvre est référencée sous le numéro D7523 dans l'inventaire de l'atelier de l'artiste.
Estimation : 15 000 € - 20 000 €



UN ENSEMBLE DE MICHEL MACRÉAU
Des visages composites, des yeux asymétriques, des corps disloqués, une accumulation de signes religieux : l’œuvre de Michel Macréau (1935-1995) est imprégnée de douleur et d’étrangeté. La vingtaine de tableaux réunis par le peintre israélien et ami de l’artiste David Azuz (1942-2014) présente toute la complexité d'un artiste torturé - le peintre, dit-on, souffrait de schizophrénie. 
Fils unique, élevé par une mère représentante en fourrures et un père routier toujours absent, Michel Macréau est placé de famille en famille et connaît une enfance instable. Adolescent, il s’arrête un jour dans une librairie devant deux livres d’art : l’un sur Matisse, l’autre sur Picasso. Influencé par ces immenses artistes, il commence à peindre. Une couleur, un pied, un motif, un œil démesuré, le souvenir de ses modèles surgit partout dans son œuvre. 
Sous la forme d'une figuration apparemment primitive, Michel Macréau est reconnu comme le précurseur de la Figuration Libre, dans la veine de Basquiat et Combas qu’il précède et influence.


Michel MACRÉAU (1935-1995), Femme et masques, 1984
Technique mixte sur toile. Monogrammée et datée dans la composition.
160 x 130 cm
Provenance :
- Galerie Georg Northelfer, Berlin.
- Collection JDJ, Paris.
- Collection particulière, Paris.
- Vente l'Oeil de JDJ (Jean-Dominique Jacquemond), Maitre Joron-Derem, Hôtel Drouot, Paris, 31 mars 2002, n°14.
Estimation : 25 000 € - 30 000 €



UNE SPÉCIALITÉ RENOUVELÉE : LES ARTISTES ÉTRANGERS DE LA SCÈNE PARISIENNE 
Les connaisseurs se réjouiront de retrouver dans cette vente la section consacrée aux artistes étrangers de l’après-guerre venus à Paris, une des spécificités de l'étude Ader. On mentionnera notamment une composition abstraite d'Arthur-Louis Piza datant de 1957, deux importantes huiles sur toile d'Istvan Sandorfi peintes avec un réalisme poussé à l'extrême et trois œuvres de Seund Ja Rhee, une des valeurs montantes de l'art moderne coréen.
La guerre de Corée force Seund Ja Rhee (1918-2009) à quitter l’Asie pour s’installer à Paris en 1951 dans le quartier de Montparnasse. «Je n’ai rien, je ne suis rien, je viens de renaître sur une autre terre» dit-elle à son arrivée. Auprès des peintres graveurs Henri Goetz et Yves Brayer, elle poursuit l'apprentissage artistique qu'elle avait débuté au Japon et en Corée. À partir de 1959, influencée par le graveur britannique Stanley William Hayter avec qui elle travaille, Seund Ja Rhee imprime ses planches à la main à l'aide de rouleaux ou d'un système de tampons et devient la première artiste coréenne à pratiquer la gravure sur bois en couleurs. 
L'artiste n'oublie pas pour autant sa vocation de peintre et continue parallèlement sa production d'huiles sur toile. Dans les 3 œuvres de l'artiste proposées aux enchères, motifs rectangulaires, symboles et caractères issus de l'écriture asiatique s'entremêlent et donnent naissance à un langage géométrique singulier. La production des années 1960-1970 de Seund Ja Rhee est aujourd'hui la plus recherchée par les collectionneurs : c'est pendant cette décennie qu'elle franchit le pas vers une abstraction unique, qui rassemble culture coréenne et découverte de l'infini possibilité de l'art moderne.


Seund Ja RHEE (1918-2009), La Source jaillis par le soleil, 1962
Huile sur toile.
Signée et datée en bas à gauche. Signée et titrée au dos.
81 x 60 cm
Provenance :
- Vente Versailles Enchères, 24 juin 2007, n° 62.
- Collection de Monsieur F., Var.
Estimation : 50 000 € - 60 000 €




ART D'APRÈS-GUERRE ET CONTEMPORAIN - PRESTIGE
mardi 14 décembre 2021 14:00
Salle 5-6 - Hôtel Drouot , 9, rue Drouot 75009 Paris

EXPOSITION PUBLIQUE
À Drouot, salle 5-6
9, rue Drouot 75009 Paris
Samedi 11 décembre de 11 h à 18 h
Lundi 13 décembre de 11 h à 18 h
Mardi 14 décembre de 11 h à 12 h


RESPONSABLES DE LA VENTE
Xavier DOMINIQUE
xavier.dominique@ader-paris.fr

Camille Maujean :
camille.maujean@ader-paris.fr