Alphonse de LAMARTINE. L.A.S., mars 1829,... - Lot 212 - Ader

Lot 212
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Alphonse de LAMARTINE. L.A.S., mars 1829,... - Lot 212 - Ader
Alphonse de LAMARTINE. L.A.S., mars 1829, [à Victor Hugo] ; 4 pages in-8. Très belle lettre à Victor Hugo, sur la poésie et la politique. Il n’a pas reçu ses derniers volumes [Les Orientales, et la réédition des Odes et Ballades], et prie Hugo de les lui envoyer : « J’en suis affamé. Je vous remercie de vos consolations poétiques. J’en ai besoin ; je suis trop découragé pour rien imprimer de longtems. Je n’ai à offrir que du médiocre ; or si le bois verd est traité si mal, que sera-ce du bois sec ? J’écris très peu et presque point pour le tems présent. Si je vis je laisserai un poëme après moi ; le ridicule respectera la pierre d’une tombe, il flétrirait mes cheveux blancs. Mais il est bien douteux que je vive assez pour le terminer. Il me faut 15 ans ! En attendant il est possible comme vous dites que nous devenions députés : tant pis pour nous, tant mieux pour nos commettants. Je crois que nous pensons bien. Nous voulons l’ordre et nous estimons la liberté, nous respectons ce qui est respectable du passé, nous espérons ce qui est désirable de l’avenir. Nous savons surtout que la Politique est une science expérimentale où les principes ne se jugent bien qu’aux conséquences, avec cela nous serons vous et moi sur les mêmes bancs, amis de la relligion de conscience et non de la relligion de police, de la Monarchie de raison et non de monarchie de préjugés, de la liberté de Platon et non de la liberté de Marius. Mais qui sait si on nous enverra là vous et moi ? Il y a tel chambellan impérial, barbouillé de phrases conventionnelles et flattant la populace aux dépens du bon sens, qui aura souvent plus de chances que nous. Ne vous fiez pas tant à l’élection. Elle est souvent aveugle. Regardez les académies. Vous luttez contre les critiques ? Dites plutôt que les critiques luttent contre vous ? Ils présenteront bientôt comme Mr Arnault un mémoire au Roi pour défendre tout vers et toute idée qui ne pourra pas entrer dans la tête de Mrs Campenon ou Parseval. À cette mesure où en serons-nous ? Peu importe tout ce bruit. C’est l’écume de la vague que vous fendez en avançant. Mais ce qui importe c’est d’écouter vos vrais amis, ceux que vous estimez vous-même. S’ils vous disent vous allez trop vite, vous faites fausse route, la contradiction vous irrite, le paradoxe vous tente, alors écoutez-les. Je vous écrirai mon avis sincère quand j’aurai lu. Vous êtes de ce petit nombre d’esprits dignes de la vérité parce qu’ils peuvent s’en servir. Aux autres il faut l’indulgence ou la flatterie complaisante, cela ne peut leur nuire et les console. Adieu mon cher ami. Reposez-vous. Voyagez. Quittez Paris. Venez nous voir avec toute la famille au mois de juillet auprès de Dijon. Nous philosopherons, politiquerons, poétiserons à notre aise »…
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