RUSSIE. DEMOUSTIER. Manuscrit autographe... - Lot 433 - Ader

RUSSIE. DEMOUSTIER. Manuscrit autographe signé, Philosophie pratique ou Considérations sociales, Saint-Pétersbourg, 1821-[1854] ; 2 vol. in-8 de 423 et 445 pages, rel. demi-veau violine à coins (reliure de l’époque, un peu usagée). Manuscrit inédit d’un précepteur de la famille impériale russe. Curieux manuscrit, apparemment inédit, rédigé par un Français établi à Saint-Pétersbourg pendant la première moitié du XIXe siècle, avec ratures, corrections, additions sur béquets, et passages biffés Il traite de « philosophie pratique », c’est-à-dire de la branche de la philosophie qui a pour objet les actions et activités des hommes. Le texte, d’une petite écriture, très régulière et lisible, contient plus de 1300 paragraphes numérotés on l’auteur étudie tout ce qui se rapporte à la vie courante ou à la vie en société. Dans le premier volume, les paragraphes sont numérotés de 1 à 775 ; dans le second, ils sont numérotés de 1 à 545 (cette numérotation a été ensuite été rectifiée à l’encre ou au crayon par l’auteur). Les sujets abordés sont extrêmement variés ; on relève ainsi, pour le tome I : L’air, le ton et la manière ; Le bon choix ; Abondance des livres ; Lecture des romans ; Pauvreté, indigence, misère ; Bienfaits ; Réflexion ; Injures ; Duels ; Avarice ; Écriture ; Esclaves ; Présence d’esprit ; Raison ; Mœurs ; Égalité d’humeur ; Vertu ; Passions ; Modes européennes ; Gouvernements ; Diversion ; Longévité ; Fortune ; Liberté ; Luxe ; Impôts ; Lecture ; Histoire ; Affranchissement des lois sociales ; Domestiques ; Progrès des Lumières ; etc. Et au tome II : Vieillesse et jeunesse ; Raison ; Sectes ; Classes sociales ; Instruction ; Pourquoi le mal sur la Terre ? ; Devoirs ; Politesse ; Esprits de travers, pointus, tordus, biscornus ; Instituteurs (avec mention des Mémoires de Cabanis) ; Esprit de conduite ; Jeunesse ; Civilité ; Règles de conduite ; Musique ; Harmonie ; Songes ; Facultés imaginatives ; Anarchistes ; Capitalistes ; etc. Citons ce bref extrait : « L’humanité crie : point d’esclaves ! et la raison crie : prudence ! prudence ! – Jamais on n’a donné brusquement la liberté à un grand nombre d’esclaves, sans qu’il en résulte de grands malheurs. L’homme élevé dans l’esclavage n’a reçu qu’une éducation relative et nullement conforme à la jouissance de ses droits, il ne les connait pas, il ignore les lois, les usages, les coutumes, il n’a point d’idée des mœurs civiles. Le premier sentiment qu’il éprouve en se voyant libre est la haine contre ses anciens maîtres [...]. Un législateur qui voudrait faire un peuple libre d’un peuple d’esclaves, le ferait avec succès s’il donnait d’abord à la génération naissante une éducation et une instruction sociales, émancipant au fur et à mesure après un examen les jeunes hommes reconnus dignes d’être libres »… (t. I, p. 49). Les pages de titre des deux volumes sont datées de 1821, mais l’avant-propos, situé en tête du tome I, est daté de juin 1854. Il est signé « Demoustier, professeur de littérature française, instituteur des quatre princes et des deux princesses grand ‘ducales depuis l’année dix-huit cent trente-deux ». Une note manuscrite au crayon (en partie effacée) en regard du titre du t. I précise : « Ce volume a été terminé dans les premiers jours de janvier 1821 à St Pétersbourg. Je veux dire la copie, car la matière en a été écrite successivement depuis plus de quarante-cinq années »... Aucun renseignement biographique sur l’auteur ne se trouve dans les ouvrages de référence usuels. Il était peut-être apparenté au poète Charles Albert Demoustier (1760-1801), auteur des Lettres à Émilie sur la mythologie, ou à son oncle Pierre Antoine Demoustier (1735-1803), ingénieur des Ponts-et-Chaussées, constructeur du pont de la Concorde. Les princes mentionnés dans l’avant-propos semblent être les enfants du Tsar Nicolas Ier et de la Tsarine, née Charlotte de Prusse, c’est-à-dire les grands-ducs Alexandre, Constantin, Nicolas et Michel, et les grandes-duchesses Marie et Olga.