Collection Christianne Burckel & à divers
Passions textiles d’Alsace et d’ailleurs
C’est à une vente sous le signe d’un patrimoine textile « fait main », norme de fabrication jusqu’au début du XXe siècle qui ne brille plus qu’occasionnellement dans l’univers du luxe que vous invite l’étude ADER, en collaboration avec l’expert Séverine Experton-Dard, les 23 et 24 octobre prochain.
Derrière un ensemble unique d’archives textiles et d’accessoires du costume, tissé, teint ou brodé de façon artisanale, transparait la sensibilité de 3 collectionneuses et/ou brodeuses, animées par la même volonté de préserver ce patrimoine de l’oubli ou la destruction.
C’est d’abord la collection Christianne Burckel, qui dévoile ses trésors de confection domestique, patiemment chinés et collectés (souvent prêtés à des musées) et réunis dans un ouvrage érudit bien connu des amateurs : Les Etoffes en Alsace, le KELSCH (Ed. du Belvédère, 2014) .
Elle y retrace l’histoire d’une étoffe au nom souvent inconnu : le Kelsch, tissage rustique de lin ou de chanvre quadrillé qui fut durant des siècles la pièce maîtresse du trousseau des Alsaciennes, avant de tomber en désuétude au début du XXe siècle. Au fil des pages et à travers chaque pièce de sa collection, Christianne Burckel nous invite à découvrir un héritage textile d’une incroyable richesse, ancré dans la culture du lin des Vosges, du tissage paysan à domicile, des teintures naturelles au pastel et la garance, dans une Alsace qui se lança dans l’Indiennage dès le XVIIIe siècle pour aboutir à la suprématie dans la chimie des couleurs et l’impression sur étoffe au siècle suivant.
Au-delà des Kelsch et Bettelkelsh (toiles imprimées à la réserve en blanc et bleu indigo) de ce fonds, c’est tout un univers éminemment féminin de trousseau domestique qui semble surgir ici des armoires du passé : regorgeant de fichus, châles et tabliers de mousseline, dentelle, soie ou coton imprimé ; coiffes et costumes brodés d’or et de clinquant ; précieux rubans chamarrés de Bâle ou St Etienne ; layette pour enfant en tricot et piqué de coton immaculé ; parures de table en damas de lin embellies de broderies au fil rouge…
Depuis l’apprentissage obligatoire des travaux d’aiguille jusqu’à la confection des pièces de lin, de coton ou de chanvre sur lesquelles chaque jeune fille ne manquera pas d’apposer ses initiales brodées ; les trésors textiles réunis dans cette vente nous révèlent un quotidien rythmé de fêtes profanes et religieuses dans lequel les étoffes représentent avant tout la seule richesse que purent se transmettre des générations de femmes aujourd’hui oubliées.
Outre ces trésors alsaciens, la vacation rend hommage à celle qui sut sauver de la destruction un fonds d’archives des années 20 de la Fabrique de broderies et de dentelles Jules Dieulefils. Spécialisée dans le « tulle nid d’abeilles » l’entreprise emploie depuis la fin du XIXe siècle des brodeuses à façon ou regroupées dans ses ateliers à Chatellerault et fournit depuis la rue des Petits Champs à Paris une clientèle de grands magasins et de particuliers en précieux trousseaux incrustés de dentelles, brodés et chiffrés.
Plusieurs lots – à l’état neuf et non montés - de fines broderies au plumetis sur mousseline ou tulle, destinées aux coiffes régionales où à l’ornementation des robes, robes et voiles de mariée ou linge fin feront ainsi le bonheur de créateurs ou amateurs de mode inspirés par la délicatesse inégalée de la broderie à la main.
Enfin, pour clore cette célébration des savoir-faire anonymes et féminins, la vacation présentera les œuvres, archives de broderie et fournitures d’atelier de Nicole Le Maux, plus connue jusqu’ici pour son travail d’historienne du chapeau et dont la collection a rejoint le Musée Galliéra dans les années 2000.
Formée à l’école Lesage et à la technique du Lunéville, curieuse d’explorer la broderie sous toutes ses facettes, NLM laisse libre cours à sa fantaisie dans des créations aux matières et supports inédits ; inspirées d’Arcimboldo de la nature et l’entomologie ; prêtes à rejoindre de modernes cabinets de Curiosités !